Vers une génération Covid ?
Un édito de Monique Baus.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e48452e9-70d3-4c1d-935b-9177d9713f56.png)
- Publié le 28-01-2022 à 06h45
:focal(1275x851:1285x841)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/U5VSH45Q5VCMNACLLZIVL36YD4.jpg)
Ce n'est pas parce que les classes ne ferment pas que la qualité des apprentissages est garantie. Bien sûr, parmi les directions, les enseignants, les élèves et leurs familles, nombreux sont ceux qui, à leur niveau, multiplient les efforts pour que tout se passe au mieux malgré les circonstances. Les derniers aménagements décidés pour les écoles, en tenant compte des remarques du terrain et communiqués rapidement et clairement, devraient empêcher que soient encore éloignés des classes des élèves qui ne sont ni malades ni symptomatiques.
Mais cet allègement constitue-t-il une étape vers un retour à la normale ? Gare au piège que pourrait constituer cette idée. Car, quel que soit ce qui nous attend d'ici juin, cette année scolaire n'aura toujours pas été habituelle. Il apparaît dès lors urgent de se pencher sur les conséquences de cette longue crise en termes d'apprentissage.
Dans ses circulaires, la ministre Désir évoque le retour des essentiels : ces parties de matières que l'élève doit absolument maîtriser pour poursuivre sa scolarité. Sans attendre les consignes, des enseignants ont déjà choisi de s'y concentrer. Mais d'autres en sont très loin. Se limiter aux essentiels encore une fois va-t-il créer une "génération Covid" ? Est-ce un nivellement par le bas ? Ou, au contraire, la seule chose à faire ? Chaque pouvoir organisateur, direction, enseignant, a son avis. Quel que soit le cadre d'en haut, la liberté d'enseigner laisse le champ libre.
Une histoire nous revient. Dans cette classe de secondaire supérieur, seuls 13 élèves sur 27 sont présents ce jour-là. Qu'à cela ne tienne, le prof expose un chapitre nouveau, non essentiel au demeurant. Puis, dès le cours suivant, il interroge et note tous les élèves, revenants compris. Une douche froide en guise de "bon retour".
La crise sanitaire a accouché d'une crise pédagogique qu'on ne combat pas avec des gants de boxe. Comment pousser chacun au mieux de ses possibilités, sans occulter le vécu de la pandémie mais en restant assez exigeant ? Il est temps d'avancer dans la stratégie.