Paul Magnette, le fossile et le marteau
Un édito de Dorian de Meeûs
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- Publié le 08-02-2022 à 15h32
- Mis à jour le 08-02-2022 à 18h48
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Telle une vague déferlant sur la Terre, l’e-commerce s’est répandu dans le monde entier. La Belgique n’y échappe pas, tant du côté des consommateurs que des entreprises, de la plus petite à la plus grande. Le concept a sans doute sauvé des commerçants de la faillite lors du confinement et participe à l’amélioration de notre taux d’emploi. Malgré cette réalité, Paul Magnette plaide pour "une sortie de l’e-commerce". Le président du PS veut faire de la Belgique "un pays sans commerce électronique, avec de vrais magasins et des villes animées". Cette sortie à la fois rétrograde et utopique a fait bondir ses partenaires, le PTB et même certains syndicats, ainsi que l’immense majorité des observateurs flamands. Conscient d’avoir tendu un marteau pour se faire enfoncer, le socialiste a tenté de nuancer cette sortie de route ce mardi. Trop tard.
Parce que résumer l’e-commerce à Amazon s’avère risible et dangereux. D’ailleurs, quand on connaît la mobilisation du PS pour attirer le géant chinois de l’e-commerce Alibaba à Liège, on croit rêver. Les élus wallons savent qu’une telle implantation créerait des emplois peu qualifiés et offrirait enfin à notre pays un grand centre logistique de distribution.
Cela dit, réguler ce secteur est essentiel tant il comporte de réels enjeux sociétaux, économiques, sociaux et environnementaux. Mais se saisir de ces difficultés doit pouvoir se faire sans jeter le bébé avec l’eau du bain, sans renforcer l’image d’une Wallonie fossilisée dans son passé et incapable d’affronter l’avenir avec efficacité et pragmatisme. La modernisation du temps de travail et les aménagements pour dynamiser l’économie collaborative - dite de plateforme - sont trop importants pour notre avenir économique et technologique pour être à ce point caricaturés, simplifiés. Certes, en Belgique, il n’y a d’accord sur rien tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout, mais de là à se laisser aller à de telles sorties, le PS ne risque pas seulement de crisper le MR, mais aussi de se décrédibiliser davantage, surtout en Flandre. Cette passe d’armes politique ne peut renvoyer la question du travail de nuit dans le frigo. A force d’attendre, il sera définitivement trop tard.