Liberté, "svoboda"
Un édito de Francis Van de Woestyne.
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Publié le 05-03-2022 à 06h51 - Mis à jour le 05-03-2022 à 06h52
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Voici donc enfin arrivé le moment que nous attendions tous et toutes depuis deux ans, depuis que le premier confinement a été décrété, le 18 mars 2020. Peu à peu, une partie du monde sort du coma dans lequel le Covid l’a plongé. La facture humaine est considérable : officiellement près de 6 millions de morts. Sans doute bien plus. Le prix économique, social, psychologique est considérable. À l’époque, nous n’imaginions pas que les restrictions seraient aussi longues et pesantes.
Le Codeco de ce vendredi a quasiment levé tous les interdits. Il faut se pincer pour y croire. Et espérer deux choses. Tout d’abord, qu’un nouveau variant, plus contagieux et dangereux, ne revienne pas torturer le monde. Ensuite, que nous retrouvions peu à peu nos élans, nos tendresses, nos touchers, nos embrassades. Sans doute devrons-nous encore être prudents. Mais le goût des autres ne nous a pas quittés. Savourons-le follement.
Comment, toutefois, célébrer ce retour à la liberté sans penser au peuple ukrainien, privé de svoboda, de liberté, par un tyran fou de haine, qui a décidé d'annexer ce pays de 44 millions d'âmes ? Qui se vide peu à peu. Ce drame absolu nous remet en mémoire les slogans indécents des manifestants qui arpentaient les rues, il y a quelques semaines encore, pour dénoncer la dérive "dictatoriale " des gouvernements occidentaux, coupables à leurs yeux de mener des politiques liberticides. Alors que la gestion de la crise a été rigoureuse si l'on excepte quelques sérieux ratés au début.
La guerre est là, presque à nos portes. Comment dès lors se réjouir pleinement de retrouver les réunions familiales, entre amis, les cafés, les restaurants, les théâtres, les cinémas sans penser à la souffrance des Ukrainiens terrés dans les abris, privés de nourriture, de chauffage ? Privés d’avenir. Comment rester muet, les bras ballants face à un tel déchaînement ? Comment ne pas hurler de colère, de désespoir ? Comment ne pas se décourager face à l’impuissance du monde libre qui ne peut utiliser la force dont il dispose pour immobiliser ce dictateur prêt à utiliser l’arme nucléaire pour écraser toute résistance ?
Profitons de notre liberté retrouvée. Mais elle ne sera pleine et heureuse que lorsque le peuple ukrainien aura retrouvé la sienne.