Michelle Bachelet promenée en Chine
Un édito de Philippe Paquet
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e842bcfd-e87b-497e-a849-524fef3c6458.png)
Publié le 31-05-2022 à 06h38 - Mis à jour le 14-06-2022 à 16h25
:focal(1275x858:1285x848)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/O7OZMVGGCNB43ODBE4XTFBQ3RQ.jpg)
C’était la première visite en Chine d’un haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme depuis 2005. On était donc en droit de saluer la mission que Michelle Bachelet vient de mener, et d’en attendre beaucoup - tout en craignant le pire, connaissant à la fois le mépris du régime communiste chinois pour les droits humains et l’art consommé avec lequel il promène ses hôtes dans une pseudo-réalité superbement mise en scène.
L'ex-présidente chilienne n'a pas pu éviter de tomber dans le piège. Elle a obtenu d'aller au Xinjiang, mais n'y a passé que deux jours. On lui a ouvert les portes d'une prison, mais où n'est détenu aucun prisonnier d'opinion. Elle a pu parler à des gens, mais seulement ceux qui n'en étaient pas empêchés "pour des raisons sanitaires". On l'a reçue officiellement à Canton, mais pas à Pékin. Elle a pu rencontrer le chef de la diplomatie chinoise, mais a dû se contenter d'une vidéoconférence avec le président Xi Jinping. Le Covid a eu bon dos.
Mme Bachelet a rappelé, dans une conférence de presse elle aussi virtuelle, que sa visite "n'était pas une enquête", mais avait fourni "l'opportunité de discuter directement avec les plus hauts dirigeants". Certes. Doit-elle pour autant croire sur parole ses interlocuteurs quand ils assurent que la Chine a fermé les "Centres de formation et d'éducation" que des experts assimilent à des camps de concentration, où plus d'un million d'Ouïghours ont été ou sont "rééduqués" ? Quelle merveilleuse excuse pour en exclure l'inspection.
La haut-commissaire de l’Onu n’a donc rien vu. Cela permettra aux autorités chinoises d’en conclure qu’il n’y avait rien à voir. Si Michelle Bachelet affirme que des contacts ont été noués et que le dialogue se poursuivra, il est à craindre que sa visite ne soit ainsi devenue une arme de plus dans l’arsenal de la propagande pékinoise. Si de tels voyages se révèlent à ce point contre-productifs, la question de leur utilité est dramatiquement posée.