Biodiversité: le plus dur reste à faire
Un édito de Sophie Devillers.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/f744db9d-4059-49f1-b3ae-ab829b0df5cc.png)
Publié le 19-12-2022 à 23h00
:focal(3670.5x2305.5:3680.5x2295.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PFPVWGBUJZDGNC4CJNIRPVIVCQ.jpg)
La biodiversité n’avait encore jamais été aussi haut dans l’agenda des gouvernements que ces derniers jours à Montréal. Même si la Cop 15 n’a pas encore eu l’attrait d’un sommet climat pour les politiques - seuls les ministres de l’Environnement étaient présents au Canada, mais aucun chef d’État… - la question de la protection des espèces et des écosystèmes est sortie du purgatoire où elle demeurait depuis la première Cop consacrée à cet enjeu en 1994.
Les dirigeants mondiaux auraient-ils enfin compris à quel point la nature est essentielle à la subsistance de leur population et de leur économie ? Et à quel point la perte accélérée de la biodiversité menace celles-ci en retour ? L’urgence de la situation se résume en quelques chiffres : 75 % des écosystèmes mondiaux sont altérés par l’activité humaine, plus d’un million d’espèces sont menacées de disparition…
Or, plus de la moitié du PIB mondial dépend des ressources naturelles et des services que la nature nous rend dans de multiples domaines : alimentation, eau potable, énergie, santé… Protéger la biodiversité ne revient donc pas seulement à sauver le dernier rhinocéros blanc. Rien que la perte des insectes pollinisateurs pourrait, par exemple, entraîner un déficit de rendement agricole équivalent à 500 milliards de dollars par an. Sans oublier l’effet tampon des écosystèmes terrestres et marins qui épongent une partie de notre ardoise climatique, en absorbant la moitié de nos émissions de dioxyde de carbone.
À Montréal, les quelque 195 pays participant à la Cop 15 se sont, entre autres, promis de protéger 30 % de la planète et de stopper la perte de "hotspots" de biodiversité d’ici à 2030. Tout le monde s’en réjouit, car les objectifs visés sont à la hauteur des attentes. Mais rien n’est gagné : il s’agit là d’engagements globaux, non contraignants, que chaque pays devra à présent décliner sur son territoire national. La lutte contre les dérèglements climatiques a montré à l’envi que cette partie de l’exercice est de loin la plus périlleuse…