Parfois indigne, souvent intenable
Un édito de Dorian de Meeûs.
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Publié le 30-01-2023 à 00h00
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“On ne va pas droit dans le mur, on est déjà dedans.” Tel est le constat de la secrétaire permanente CNE pour les hôpitaux de Bruxelles et du Brabant wallon. On pourrait y voir une posture syndicale ou une énième revendication, inlassablement répétée. Mais la mobilisation ce mardi de tout le secteur non-marchand mérite quelques observations. Sans détours.
Souvenons-nous de l’élan de solidarité qui, au temps du Covid, poussa tant de Belges à sortir – tous les soirs – sur le coup de 20 heures pour applaudir les professionnels des soins de santé. Souvenons-nous de leur courage et mobilisation face à un virus inconnu, de leurs conditions de travail tant de fois constatées et dénoncées, ou encore de leur moral au plus bas. Souvenons-nous, oui, car rien n’a vraiment changé. Du personnel soignant manque à l’appel. Une pénurie qui pèse sur tout le monde : des hôpitaux aux maisons de repos, en passant par les soins à domicile. Des services tournent au ralenti, des lits s’avèrent indisponibles, les burn-out augmentent et des interventions chirurgicales sont reportées.
Être infirmière ou infirmier, médecin ou soignant est une vocation formidable. C’est aussi une formation exigeante et un métier prenant. Mais il est inconcevable qu’on réduise une telle vocation à de l'apostolat. Et pourtant, les étudiants-stagiaires sont trop souvent assimilés à de la main-d’œuvre gratuite aux horaires inhumains. La charge et les responsabilités qui reposent sur leurs épaules génèrent des conditions de travail particulièrement indignes.
L’enjeu ne se limite pas à une revalorisation salariale, mais le manque d’attractivité du non-marchand augmente ainsi mathématiquement la charge qui repose sur celles et ceux qui travaillent. En ce sens, le chantier est immense, et la situation critique. Notre pays ne pourrait se permettre une nouvelle crise pandémique dans les mêmes conditions. De surcroît, nos dépenses publiques, trop élevées, doivent sans cesse être prioritisées afin de s’assurer qu’elles soient efficaces. Il ne s’agit pas de dépenser plus, bien au contraire, mais mieux.