"Personne ne peut te remplacer"
Un édito de Bosco d'Otreppe.
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Publié le 02-02-2023 à 23h44
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"Je m'appelle Ladislas Kambale Kombi. Je suis né à Eringeti le 15 juillet 2006. Je suis agriculteur de profession. Je suis le deuxième de ma famille. Mon grand frère a été tué dans des circonstances que nous ignorons jusqu'aujourd'hui. Mon père, lui, a été tué en ma présence […] par des hommes en pantalon training et chemise militaire. De ma cachette, j'ai suivi comment ils l'ont découpé en morceaux, puis sa tête tranchée a été placée dans un panier. Enfin, ils sont partis avec maman. Ils l'ont kidnappée. Nous sommes restés orphelins, moi et mes deux petites sœurs. Maman n'est jamais rentrée jusqu'aujourd'hui. Nous ne savons pas ce qu'ils ont fait d'elle."
Ladislas Kambale Kombi n'a pas 17 ans. Debout devant le Pape, il témoigne des atrocités endurées dans l'est du pays et dépose ensuite une machette au pied d'une grande croix. D'autres victimes l'accompagneront d'un marteau, une lance, un couteau… autant d'outils de torture qu'ils présentent en un geste de prière et de pardon pour leurs bourreaux. Cette rencontre de ce premier février à Kinshasa marquera profondément le voyage de François au Congo qui rassemble les foules depuis trois jours. Après avoir vigoureusement dénoncé la corruption, la violence et le "colonialisme économique" qui étouffent le pays, le Pape a tenu à encourager chacun des Congolais. "Je voudrais maintenant vous demander de ne pas me regarder, mais de regarder vos mains, a-t-il proposé aux jeunes réunis ce jeudi à Kinshasa. Ouvrez les paumes de vos mains, fixez-les des yeux. Je voudrais te faire remarquer une chose : toutes les mains se ressemblent, mais [personne] n'a des mains semblables aux tiennes. Tu es donc une richesse unique, inégalable et incomparable. Personne dans l'histoire ne peut te remplacer."
Prises au sérieux, face à un peuple broyé par les violences et la corruption, dans un monde marqué par la "globalisation de l'indifférence", ces paroles sont proprement révolutionnaires. Elles soulignent la dignité inestimable de chaque personne humaine et obligent à des politiques qui soient à son service. Elles ne s'arrêtent pas non plus aux frontières du Congo : "Entendez le cri du sang", a supplié François à destination de la communauté internationale après avoir entendu les récits des victimes de l'Est.