Parodie de guerre froide à Pékin
Un édito de Philippe Paquet.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e842bcfd-e87b-497e-a849-524fef3c6458.png)
Publié le 03-02-2023 à 23h49
:focal(379x261:389x251)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RV2GNDWBZRBYJBELBAVKJHHWFY.jpg)
Dans le contexte de tensions entre Pékin et Washington, le secrétaire d’État Antony Blinken n’espérait pas, pour sa première visite officielle en Chine, prévue dimanche, un déroulé de tapis rouge et un lâcher de ballons. Mais il ne s’attendait pas non plus, au moment de prendre l’avion, à devoir croiser dans le ciel américain un autre genre de ballon chinois - un ballon espion, repéré alors que, haut dans la stratosphère, il survolait tranquillement les États-Unis.
L’affaire semble plus rocambolesque que réellement inquiétante. L’armée a renoncé à abattre l’engin au motif que les débris pouvaient causer des dégâts ou faire des victimes, mais surtout parce que le ballon ne serait pas capable d’en apprendre plus aux Chinois que ce que leurs satellites leur ont déjà révélé. L’incident fait donc plutôt penser à une parodie de guerre froide, mais il en dit long sur la dégradation des relations entre les deux pays.
Tellement long que Blinken a finalement annulé sa visite. Il se rendait à Pékin pour tenter l’apaisement et rappeler que la logique commande la coopération plutôt que l’affrontement entre les deux grandes puissances. Le message était, toutefois, brouillé : les États-Unis viennent de renforcer leurs alliances militaires avec le Japon et les Philippines dans le but explicite de contenir les ambitions de la Chine en Asie orientale, et notamment de mieux protéger Taïwan, objet d’un délire nationaliste à Pékin.
Le dialogue sino-américain est donc plus que jamais au point mort. C’est surtout fâcheux pour la Chine, qui reste bloquée au milieu du gué. Elle est incapable de renouer avec l’Amérique et, plus largement, les pays occidentaux, le partenariat sur lequel sa "politique de réforme et d’ouverture" était fondée. Et elle ne peut pas se rapprocher davantage d’une Russie qui court à l’abîme avec un Président dont on a pu mesurer jeudi l’étendue du dérangement mental. N’a-t-il pas osé comparer les chars allemands livrés à l’Ukraine aux panzers qui assiégèrent Stalingrad, il y a 80 ans ?