Nikki Haley, un barrage contre Donald Trump
Un édito de Philippe Paquet.
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Publié le 14-02-2023 à 23h47
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Ambassadrice de Donald Trump à l’Onu pendant deux ans, Nikki Haley est devenue, mardi, la première personnalité républicaine à défier officiellement l’ancien chef de l’exécutif en annonçant, trois mois après lui, sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. Elle l’a fait à Charleston, ville historique de la Caroline du Sud, un État qu’elle fut la première femme à gouverner de 2011 à 2017.
Fille d’immigrants indiens, Nikki Haley, 51 ans, échappe aux classifications rapides et aux étiquettes faciles. Elle est indéniablement conservatrice, mais c’est elle qui a su imposer le retrait du drapeau confédéré qui flottait devant le Capitole de la Caroline du Sud, en réaction au massacre perpétré par un suprémaciste blanc, le 17 juin 2015, dans une église noire de Charleston. Elle avait rompu les rangs en demandant qu’on entende les victimes présumées du juge Brett Kavanaugh, accusé d’agressions sexuelles, lorsque le Parti républicain en fit son candidat à la Cour suprême. Elle fut proche de Donald Trump, qu’elle quitta - chose rare - en bons termes, mais elle condamna plus tard publiquement les manœuvres du Président pour dénier à Joe Biden sa victoire.
Nikki Haley pourra, par conséquent, paraître insaisissable et laisser planer le doute sur ses convictions. Il n’empêche qu’elle incarne, au sein de la droite américaine, une espèce qu’on redoute de voir disparaître. Elle cumule de l’expérience en politique intérieure et en politique étrangère. Elle est modérée, intelligente et rationnelle, quand beaucoup de ses pairs succombent à l’extrémisme, au simplisme et au complotisme. Elle est à l’évidence diplomate, une qualité précieuse à l’heure où les clivages partisans semblent insurmontables à Washington. Il faut donc souhaiter que Mme Haley puisse, seule ou avec d’autres candidats au profil comparable, faire barrage à la tragique confiscation du Parti républicain par Donald Trump et ses héritiers coulés dans le même moule.