Pékin, planche de salut de Téhéran
Un édito de Vincent Braun.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/907af01e-7b9c-4133-bc5e-d4804534654d.png)
Publié le 15-02-2023 à 23h15
:focal(2995x2005:3005x1995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/J6MAKKIB3JAUTLF2YJ5MPAIQQE.jpg)
La visite que le président iranien Ebrahim Raïssi a rendue ces trois derniers jours à son homologue chinois Xi Jinping est le genre d’événement qui en dit long sur la géopolitique mondiale. Certes, les deux États ont signé un accord de partenariat stratégique en 2021, qui satisfait les deux parties. Mais la relation est déséquilibrée: l’Iran a davantage besoin de la Chine que la réciproque. Téhéran compte sur cet allié d’envergure mondiale pour l’aider à rompre son isolement diplomatique et les effets néfastes des sanctions internationales sur son économie, conséquence du bras de fer engagé avec les États-Unis et les grandes puissances européennes au sujet de son programme nucléaire.
Or, Téhéran a beau être rentrée dans la sphère d’influence russo-chinoise ces dernières années, la future première puissance économique de la planète est la seule à pouvoir lui apporter son parapluie diplomatique et les moyens de son développement. Depuis que la Russie s’est discréditée sur la scène internationale en déclenchant une guerre brutale en Ukraine, Pékin apparaît comme le seul levier utile pour Téhéran. Tant pour assurer divers approvisionnements -la Chine est déjà le premier partenaire commercial de l’Iran- que pour peser en sa faveur sur la politique internationale. D’autant plus que Pékin et Téhéran partagent -avec d’autres- le même souhait de réviser les équilibres occidentalo-centrés d’antan, toujours en vigueur au sein des Nations unies, au profit d’une vision multipolaire plus en phase avec le monde actuel.
La Chine, très demandeuse de diversifier son approvisionnement pétrolier au Moyen-Orient, compte sur l’Iran pour obtenir un or noir à bon compte et non lié à l'Occident. En échange, Téhéran pourra compter sur la capacité d’investissement chinoise pour moderniser ses infrastructures vieillissantes, ce qu’elle n’a pas les moyens de faire. La Chine se révèle ainsi une planche de salut pour l'Iran.