Pas de nouveau “Palais des droits” dans 6 mois, vraiment ?
Un édito de François Mathieu.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/16e12df7-ddb4-42fc-bfe1-285390232bf8.png)
Publié le 09-03-2023 à 23h55 - Mis à jour le 09-03-2023 à 23h56
:focal(2245x1505:2255x1495)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/IH6MSUQMMBA43CDTC6KPIHCT6E.jpg)
Soyons constructifs. Dans un pays où les exécutifs peinent à trouver des accords, celui engrangé par la Vivaldi sur la politique d’accueil des migrants mérite d’être salué. Certes, il y avait urgence, et le souffle de milliers de décisions de justice condamnant l’Etat belge était puissant. Comme pour chaque accord “sensible”, chaque parti a pu tirer la couverture un peu à soi. C’est de bonne guerre. Mais à y regarder de plus près, il semble qu’il faille se montrer très nuancé.
Il y a bien en apparence des milliers de places qui vont être créées, ce qui semble positif. Voilà de quoi mettre à l’abri les demandeurs d’asile laissés à la rue par la Belgique. Tout aussi positif a priori, le raccourcissement des procédures : un avis sera donc remis plus rapidement aux candidats à l’asile, ce qui est tout de même une des conditions d’une politique un peu plus humaine. Pour le reste, on se montre très circonspect. Les moyens humains et matériels seront-ils dégagés suffisamment rapidement pour être déployés sur le terrain ? Quand on voit en plus les réactions de certains bourgmestres qui refusaient déjà jeudi toute installation sur leur territoire de containers ou l’ouverture de nouvelles places d’accueil, on se dit que la traduction effective des décisions prises est loin d’être évidente. L’élan de générosité qui s’était manifesté pour l’accueil des Ukrainiens semble bien loin. On peut aussi s’interroger sur le sort réservé aux personnes déboutées de leur demande d’asile. Croit-on vraiment qu’elles seront toutes raccompagnées dans le pays qui les accueilli à l’origine comme le veut le règlement européen de Dublin ? Croit-on aussi que les personnes recalées suite à la fin de leur procédure de demande d’asile ne s’évaporeront pas dans la nature ? C’est se bercer d’illusions.
Dans 6 mois, avec ce qui est sur la table, rien ne permet de penser qu’un nouveau “Palais des droits” ne verra pas le jour dans notre pays. Si les moyens ne suivent pas, ce qui a été décidé dans l’urgence ressemble à s’y méprendre à une mise sous le tapis des problèmes structurels de notre politique d’accueil et de notre loi “migration”, dont on attend d’ailleurs toujours qu’elle soit réformée, comme le prévoit l’accord de gouvernement.