L’ambition sans fin de Xi Jinping
Un édito de Philippe Paquet
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Publié le 10-03-2023 à 00h01
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Xi Jinping a obtenu vendredi, comme prévu, le troisième mandat présidentiel qu’il convoitait. C’est par un vote plus que stalinien que le Parlement chinois en a ainsi décidé : 2 952 voix pour, aucune contre, et pas même une petite abstention.
On a beau savoir que l’Assemblée populaire nationale sert de caisse de résonance aux décisions du Parti communiste chinois, pareille unanimité est aussi inédite que le maintien de Xi Jinping à son poste. Jusqu’à présent, les présidents de la République remplissaient tout au plus deux mandats de cinq ans. Mao lui-même n’occupa la fonction que cinq ans (ce qui, il est vrai, ne l’empêcha pas de régner sans partage de 1949 à 1976).
Avec cette décision, le régime communiste chinois a donc sacrifié le peu de démocratie interne que le père des réformes, Deng Xiaoping, avait encouragé. Le renouvellement des élites que garantissaient la limite d’âge et celle des mandats est supprimé, comme est abandonné le principe d’une direction collégiale qu’on croyait établi.
Ce retour en arrière cadre mal avec la marche en avant de la Chine. Il se comprend d’autant moins que celui qui s’érige en nouveau Grand Timonier peut difficilement passer pour l’homme providentiel dont le pays aurait tort de se priver. Sous l’autorité exclusive de Xi Jinping, la Chine a géré l’épidémie de Covid-19 de façon catastrophique. Et elle s’est tragiquement fourvoyée en soutenant, avec quelques parias, l’invasion russe de l’Ukraine.
Avec Xi pour seul maître à bord, l'enfermement est appelé à durer. Mardi, le chef de la diplomatie chinoise, Qin Gang, en a donné un avant-goût en dénonçant "une main invisible" à l'œuvre pour prolonger la guerre en Ukraine. La main coupable est objectivement celle, très visible, du président russe - l'agresseur qui, seul, peut instantanément mettre fin au conflit. Mais on préfère, à Pékin, continuer à s'égarer en accablant l'Europe et l'Amérique qui sont pourtant les partenaires obligés de la Chine.