Les dangers d’une drôle de guerre

Un édito de Philippe Paquet

ARLINGTON, VIRGINIA - MARCH 15: U.S. Secretary of Defense Lloyd Austin (L) speaks as Chairman of the Joint Chiefs of Staff Army Gen. Mark Milley listens during a press conference at the Pentagon on March 15, 2023 in Arlington, Virginia. Secretary Austin and Gen. Milley discussed various topics including the downing of an American MQ-9 Reaper drone in the Black Sea by Russian fighter jets.   Alex Wong/Getty Images/AFP (Photo by ALEX WONG / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
Conférence de presse au Pentagone, le 15 mars 2023, à Arlington, en Virginie. Alex Wong/Getty Images/AFP ©2023 Getty Images

Un drone américain MQ-9 Reaper s’est abîmé en mer Noire, mardi, après un accrochage avec deux Sukhoï-27 russes. Les explications divergent. Washington assure que l’engin effectuait une mission routinière de surveillance dans l’espace aérien international et qu’il a été sciemment endommagé par un des avions de chasse. Moscou prétend, au contraire, qu’il s’est trop approché des frontières russes, au large de la Crimée occupée, et qu’il est devenu incontrôlable après une brusque manœuvre pour s’en éloigner.

Quoi qu’il en soit, les deux parties semblent d’accord pour minimiser la portée de l’incident, se refusant à y voir les prémices d’une escalade entre deux puissances que le conflit ukrainien menace à tout moment de jeter directement l’une contre l’autre. Il est vrai que Russes et Américains ont l’habitude de ces confrontations sporadiques, en mer ou dans les airs, qui sont finalement aussi brèves et spectaculaires qu’inoffensives.

Il n’empêche que c’est la première fois depuis longtemps qu’une telle "rencontre" se solde par la perte d’un matériel militaire (estimé tout de même à 32 millions de dollars). Il faut remonter à la collision entre un chasseur chinois et un appareil de reconnaissance américain, en avril 2001, près de l’île de Hainan, pour retrouver des circonstances plus dramatiques.

Aussi est-on en droit de redouter ce que serait l'enchaînement des événements en cas de dérapage plus sérieux, a fortiori s'il entraînait des pertes en vies humaines. Le danger est d'autant plus grand, dans cette drôle de guerre où l'Otan est impliquée sans l'être tout à fait, que Washington a mis en cause "le manque de professionnalisme" des pilotes russes à l'œuvre mardi. Or, en recourant de plus en plus à des conscrits mal ou peu formés, ainsi qu'à des milices fonctionnant selon leurs propres règles, la Russie fait courir un risque accru d'erreurs et autres mauvais calculs, susceptibles d'avoir les plus terribles conséquences.

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