Le climat et le vieillissement, ces thématiques schizophréniques
Un édito de François Mathieu
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Publié le 17-03-2023 à 23h59
Nos sociétés font face à deux enjeux majeurs : le vieillissement de la population et le dérèglement climatique. Ces défis exigent des mesures fortes, inéluctables. Urgemment. Chaque semaine qui passe révèle cependant largement l’impuissance du monde politique à passer au stade de la concrétisation de ses ambitions. On l’a vu ces dernières semaines avec la réforme des retraites en France, la transition vers une agriculture moins azotée aux Pays-Bas ou la transition vers des véhicules non thermiques en Europe. A chaque fois s’opposent des logiques différentes, des intérêts divergents.
Pour résumer : l’intérêt général face à l’intérêt particulier. C’est le côté un peu schizophrénique de ces questions : tout le monde (ou presque) se dit conscient du danger, de l’imminence d’agir, mais c’est encore trop souvent… à autrui d’agir, ou à agir plus tard. Serions-nous incapables, collectivement, d’envisager le changement, pour répondre à ces défis sur plusieurs générations ? Il faut répondre par la négative. Le morcellement du monde politique, que l’on connaît à des degrés divers en Europe, n’aide naturellement pas à faire atterrir des solutions forcément impopulaires. Le constat est particulièrement criant aux Pays-Bas (agriculture) ou en France (retraites). On ne pourra jamais empêcher, c’est l’un des fondements de notre démocratie, un parti politique, aussi petit soit-il, de défendre des intérêts particuliers. Mais si l’on veut éviter que ces fondements-là s’effritent davantage, et qu’on se retrouve au pied du mur dans quelques années sur cette question de la transition climatique, sur celle du vieillissement, ou sur toute autre thématique qui nécessite une vision de long terme, il va falloir changer de méthode, c’est une évidence. Plus on attend, plus les mesures à prendre seront lourdes, avec le risque d'accroître encore la fracture sociale, de saper les fondements démocratiques et de pousser la population vers les courants à tendances extrêmes et autocratiques.
Le devoir des élus actuels est donc de mettre sur pied des politiques équitables pour arriver à des changements acceptables pour la population dans son ensemble. Peut-être aussi en échelonnant de manière plus rapprochée et plus précise les objectifs pour donner de la visibilité aux gens et aux entreprises. Ce faisant, cela aiderait peut-être aussi à ressouder un peu les générations. Ce ne serait pas du luxe…