La guerre oubliée des Balkans
Un édito de Christophe Lamfalussy.
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Publié le 19-03-2023 à 21h29 - Mis à jour le 20-03-2023 à 07h37
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On entend souvent dire de l’invasion de l’Ukraine qu’elle signe le retour de la guerre en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Notre mémoire est courte. Pendant une décennie, entre 1991 et 2001, les Balkans furent à feu et à sang, de la Croatie jusqu’au Kosovo, en passant par la Bosnie et la Serbie.
L’éclatement de l’ex-Yougoslavie fit près de 140 000 morts. Des villages furent rasés. Sarajevo fut bombardée pendant quatre ans par les forces serbo-bosniaques. Des crimes de guerre atroces, y compris le viol des femmes et l’épuration ethnique, furent commis. L’Otan mit fin à tout cela par une intervention massive au Kosovo en 1999 au point qu’il y a toujours une force de soutien de l’Alliance dans l’ancienne province albanophone et une mission militaire européenne soutenue par l’Otan en Bosnie.
Le fait que ni la Bosnie, ni la Serbie entre autres n’aient été arrimées définitivement au monde occidental, dans l’Otan et dans l’UE, vingt ans après l’embrasement, est alarmant. La guerre hybride menée par la Russie pour reconquérir des territoires qui autrefois se trouvaient sous l’influence de l’Union soviétique – et plus loin encore, notamment en Afrique – est une réalité. Selon Radio Free Europe, le staff de l’ambassade russe à Belgrade est passé en un an de 54 à 62 diplomates, dont trois au moins avaient été expulsés pour espionnage de l’Union européenne en 2022.
Mû par son plan impérial, Moscou cherche à déstabiliser des pays balkaniques comme la Serbie et la Bosnie pour contrer l’influence européenne. En Europe orientale, la Moldavie pourrait être la cible d’un “coup d’État” fomenté par la Russie selon sa présidente, Maia Sandu. Dans le Caucase du Sud, Poutine entend inféoder l’Arménie et la Géorgie avec le but d’assurer un couloir territorial avec l’Iran, son allié.
Croire que le champ de bataille est limité à l’Ukraine est une erreur tragique. Il est bien plus large que cela. Européens et Américains sont conscients de ces enjeux et multiplient les initiatives pour arrimer ces pays au destin européen qu’ils ont choisi. Mais il faut faire vite, car la fenêtre d’opportunité est réduite.