Il faut sauver Delhaize
Un édito de Dorian de Meeûs.
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Publié le 21-03-2023 à 21h24 - Mis à jour le 21-03-2023 à 21h25
Un dialogue de sourds sur fond de magasins fermés. Chez Delhaize, le blocage est intenable. Les dégâts du conflit social en cours peuvent vite s’avérer considérables. Et si rien ne bouge, les conséquences sociales, économiques et concurrentielles pourraient être irrémédiables. L’enseigne au Lion jouit d’une bonne image auprès des Belges. C’est une réelle plus-value dans un secteur hyper concurrentiel. Et ça, tant la direction que les syndicats, ne peuvent ignorer. Menacer la marque met en péril l’ensemble de ses supermarchés et tous les collaborateurs.
Osons le dire, la mise sous franchise forcée des 128 magasins intégrés est une conséquence dont la responsabilité est partagée. Osons aussi l’assumer pour aller de l’avant. Le groupe, qui souhaitait à tout prix augmenter ses parts de marché malgré les nouveaux concurrents, n’a d’autres choix que de constater l’impasse et revoir sa stratégie. D’autant que le coût immobilier de ses beaux (parfois luxueux) établissements ne peut résister à une concurrence qui n’attache aucune importance à son immobilier (Colruyt, Aldi, Lidl…). Dans le même temps, le manque de polyvalence des métiers internes et la rigidité des conventions collectives ont freiné la flexibilité de l’entreprise. Les syndicats ne peuvent totalement se dédouaner de leur part de responsabilité. Ce serait nier le passé. Et en diabolisant le modèle des franchises, ils n’ouvrent aucune piste d’avenir.
Pour la maison-mère, les bénéfices d’antan ne garantissent aucunement la rentabilité de demain. C’est d’autant plus vrai dans un contexte inflationniste qui réduit le pouvoir d’achat de tout un chacun. Le représentant du secteur de la distribution, Comeos, crie son désarroi depuis des années… Mais qui l’écoute ? Qui ? En tout cas pas le gouvernement fédéral qui paraît incapable de réformer un marché du travail inadapté aux comportements actuels des consommateurs.
Face à ce cocktail détonant, seul un dialogue constructif permettra de rassurer le personnel de l’enseigne sur son avenir et, peut-être un jour, de retrouver sa fierté de travailler pour une enseigne populaire. Le climat au sein du Conseil d’entreprise doit changer, vite, et des deux côtés de la table.