S’approprier l’intelligence artificielle et l’encadrer
Un édito de Pierre-François Lovens.
Publié le 28-03-2023 à 23h37
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L’intelligence artificielle (IA) a fait une entrée tonitruante, le 30 novembre, dans le quotidien de dizaines de millions d’individus. On le doit à la start-up californienne OpenAI et à son logiciel ChatGPT, un modèle de traitement du langage surpuissant capable de générer des textes en réponse à une requête, d’écrire du code informatique, de dialoguer, … ChatGPT a atteint 100 millions d’utilisateurs en deux mois. Jamais une technologie n’avait enregistré un tel succès dans un délai aussi court.
Trois mois plus tard, cet engouement n’est pas retombé. Que du contraire ! Mais, après la phase de l’émerveillement pour une technologie au potentiel redoutable, des inquiétudes apparaissent. Notre compatriote Pattie Maes, chercheuse au MIT et référence mondiale en matière d’IA, va jusqu’à demander qu’on ralentisse le développement de l’IA “afin de prendre le temps de réfléchir” aux implications sociétales de ce que les ingénieurs et les développeurs sont en train de créer. Mieke De Ketelaere, autre référence sur le sujet, avertit dans nos pages, suite à l'annonce du suicide d’un jeune Belge consécutif à un échange de plusieurs semaines avec un agent conversationnel (chatbot) basé sur une technologie similaire à ChatGPT: "Il faut que les gens comprennent que lorsqu’on lance un chatbot de ce type, aujourd’hui, le risque est grand de se faire manipuler”.
L’IA est fascinante. Les opportunités qu’elle crée sont immenses. Mais c’est une arme à double tranchant. Ainsi, on feint de découvrir, depuis leur lancement, que ChatGPT et ses différents clones “hallucinent”. En d’autres termes, les algorithmes qui se cachent sous le capot de ces logiciels “miraculeux” s’avèrent être, aussi, de gigantesques générateurs de désinformation et de manipulation.
L’IA est devenue trop importante pour qu’elle soit laissée entre les seules mains des ingénieurs, des développeurs et des entrepreneurs. Il est indispensable que la société, dans toutes ses composantes, s’y intéresse de très près. Il est urgent d’en comprendre les mécanismes et d’exiger, là où ça s’impose, des garde-fous. L’IA doit être au service de l’humain. Pas l’inverse.