Delhaize, un cas d'école pour la distribution
Il révèle un mal plus profond d’un secteur saturé, hyperconcurrentiel, qui se cherche, tant dans ses modèles commerciaux que dans ses modes d’organisation et de rémunération
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Publié le 18-04-2023 à 00h00 - Mis à jour le 19-04-2023 à 15h52
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C’est acquis : l’administrateur délégué français et l’actionnaire néerlandais de l’enseigne “au lion” ne plieront pas. Les syndicats non plus. Campant sur leurs positions, socio-économiques et dogmatiques, direction et syndicats de Delhaize se dirigent lentement mais sûrement vers un échec retentissant. On peut disserter à l’envi, le “cas Delhaize” révèle un mal plus profond d’un secteur saturé, hyperconcurrentiel, qui se cherche, tant dans ses modèles commerciaux que dans ses modes d’organisation et de rémunération. L’existence de 5 (!) commissions paritaires distinctes révèle combien le secteur de la distribution au sens large est traversé par des modes de fonctionnement très différents.
Il n’est pas trop tard pour que le cas Delhaize figure dans les manuels sur les évolutions du marché de l’emploi plutôt que dans ceux relatant les grands échecs industriels belges.
Il n’est pas certain qu’à quelques encablures des élections, le monde politique puisse s’emparer sereinement de la problématique, mais dans l’intérêt du secteur dans son ensemble, il devient urgent de réfléchir à l’avenir de ces commissions paritaires. C’est d’autant plus vrai que les modes de consommation ont eux aussi évolué, qu’on le veuille ou non. Si le mot “flexibilité” est utilisé à tort et à travers par les uns et les autres en fonction de leurs positionnements respectifs, il recouvre aussi une réalité : le modèle reposant sur des tâches en silo, dans des canevas horaires rigides, ne convient pas à tous les travailleurs et encore moins aux consommateurs. Le modèle de concertation belge qui parle si peu à nos voisins français et néerlandais a, à maintes reprises, montré son utilité par le passé. Sans doute patronat et syndicats des secteurs concernés devraient-ils rapidement mettre cette question des commissions paritaires au menu de leurs discussions.
Le risque s’accroît en effet que le conflit chez Delhaize fasse tache d’huile. Et que ce faisant, ce conflit endommage plus sérieusement les activités belges du commerce de détail et de distribution… que le projet de réforme de la TVA risque aussi d’aggraver. Avec les conséquences que l’on peut imaginer sur l’emploi… Le “dossier Delhaize”, dans quelques années, sera sans doute un cas d’école. Il n’est cependant pas trop tard pour faire en sorte qu’il figure dans les manuels sur les évolutions du marché de l’emploi plutôt que dans ceux relatant les grands échecs industriels belges.