Les syndromes du canard et de la grenouille
Un édito de Dorian de Meeûs.
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Publié le 21-04-2023 à 23h55 - Mis à jour le 21-04-2023 à 23h58
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Les critiques sur la mauvaise gouvernance semblent avoir le même effet sur les politiques que la pluie qui glisse sur le plumage des canards. Ils se montrent sereins, presque imperturbables, la tête fièrement fixée vers l’horizon. En dessous de la surface de l’eau, les pattes s’affolent et pédalent à tout va tant les affaires, polémiques et autres révélations de ces derniers mois laissent pantois. L’indécence de certains comportements démontre à quel point une forme d’aveuglement s’est presque généralisée.
À force de se prendre pour des grands patrons d’entreprises, nos dirigeants et les législateurs perçoivent-ils encore les limites de la comparaison ? Confondent-ils devoirs et droits, comme ils confondent trop souvent popularité et compétences ? Les politiques qui s’octroient – à coups d’argent public – des bonus, des compléments de pensions, du mobilier de grand luxe ou même de la publicité politique personnelle doivent se ressaisir. Les Belges l’ont compris depuis longtemps : la bonne gouvernance publique ne viendra pas de mesurettes prises sous la pression de l’actualité, ni d’un sauve-qui-peut hypocrite. Les contribuables et les entreprises paient beaucoup trop d’impôts pour accepter la persistance de ces dysfonctionnements et de cette gabegie.
À force de baigner dans ce milieu, parfois depuis plusieurs décennies, nombre de politiques font penser à des grenouilles dans une casserole. Ils ne perçoivent plus la chaleur de l’eau monter. Avant qu’il ne soit trop tard, avant que le rejet de la politique devienne irréversible, avant que notre démocratie ne vacille, il faut agir. Mais pour cela, il faut une réelle prise de conscience. Si un responsable politique se voit en capitaine d’industrie, qu’il démontre qu’il en a l’étoffe, et qu’il change de cap.
En s’habituant à la médiocrité des excuses et en légitimant des comportements parasites, les partis traditionnels offrent un cadeau inespéré au PTB. Les communistes ne doivent même plus faire campagne, leurs adversaires s’en chargent…