Mauvaise conscience parlementaire
Un édito d'Antoine Clevers.
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Publié le 21-04-2023 à 07h07
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Le péché originel est connu : les parlementaires sont juges et parties. Ils décident eux-mêmes du montant de leurs rémunérations, eux-mêmes des conditions de leur retraite, eux-mêmes des dotations des partis politiques. Librement. Sans contre-pouvoir, si ce n’est leur conscience et leur probité.
Mais leur conscience et leur probité ne suffisent plus. Elles ont failli. Les réformes - celles des indemnités de sortie, des conditions de départ à la retraite, des bonus illégaux de pension pour les présidents de la Chambre, et maintenant des dépassements du plafond de la pension - n’ont été possibles qu’à coups de révélations, de scandales, de pression populaire et médiatique. Rien, ou presque, n’a été entrepris de plein gré.
Il est temps de ramener de la transparence et de la sobriété dans la gestion des deniers publics. Une remise à plat est nécessaire. L’Open VLD a récemment proposé la mise en place d’un conseil indépendant chargé de déterminer le montant des salaires des politiciens, de leurs pensions et du financement des partis. La proposition mérite d’être creusée.
Ce conseil pourrait être composé d’experts, d’élus, de citoyens. La présence citoyenne est importante pour que les parlementaires puissent directement plaider leur cause devant ceux qu’ils représentent. Et, qui sait, peut-être parviendront-ils à convaincre ces citoyens qu’il est normal que, en tant que parlementaires, ils perçoivent une indemnité forfaitaire de 2 400 euros net par mois en plus de leur salaire. Peut-être parviendront-ils à les convaincre qu’il est normal qu’ils puissent dépasser de 20 % le plafond de pension qu’ils ont eux-mêmes voté (pour atteindre un montant de plus de 9 300 euros brut par mois). Peut-être parviendront-ils à les convaincre que les divers avantages dont ils jouissent sont justifiés. Qui sait… ?
Mais, attention, la remise à plat doit être générale. L’institution parlementaire ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Le travail devra être réalisé aussi dans les provinces, les intercommunales, l’ensemble des organes publics et parapublics. Une nouvelle génération politique semble prête à relever le défi. On ne demande qu’à voir.