Le dossier maudit du photovoltaïque wallon
Un édito de Xavier Ducarme
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Publié le 23-04-2023 à 22h01
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L’électricité produite par le soleil est-elle maudite en Wallonie ? On pourrait le penser au vu des déconvenues qui se succèdent depuis le début de la mise en place de cette énergie pourtant propre, abondante et inépuisable.
À commencer par la "bulle" du photovoltaïque, cette dette colossale accumulée durant des années suite aux certificats verts mal calibrés octroyés par la Région wallonne à la charnière des années 2010. Une dette qui n’est pas encore totalement épongée.
Plus récemment, c’est la saga du "tarif prosumer", une taxe qui ne dit pas son nom imposée depuis trois ans aux propriétaires de panneaux solaires. L’affaire avait finalement trouvé son épilogue, après de farouches négociations politiques, dans un remboursement temporaire de cette redevance.
On croyait depuis le dossier apaisé. Mais voilà qu’aujourd’hui, un nouvel écueil se profile : les "décrochages". De quoi s’agit-il ? Lorsque le soleil se montre généreux, le réseau électrique ne parvient plus à absorber la quantité d’électricité produite. Résultat : les installations se déconnectent et les panneaux ne produisent plus d’électricité. Un comble.
L'aberration est d'autant plus incompréhensible qu'elle était évitable. Face à l'essor, pourtant prévisible, des panneaux solaires, les autorités n'ont pas pensé à renforcer l'infrastructure. De nombreux prosumers paient aujourd'hui cette impéritie. Après avoir investi, le plus souvent de leur propre poche, les voilà privés du retour sur investissement qu'ils escomptaient. Sans parler des tonnes de CO2 qui ne peuvent ainsi être épargnées.
Les propriétaires de panneaux solaires, eux qui ont fait l’effort d’investir dans une énergie qui ne participe pas au renforcement de l’effet de serre, se sentent une fois de plus lésés. Leur colère est légitime et les autorités seraient bien inspirées d’y répondre. Des solutions existent. La Flandre offre des primes à l’achat de batteries domestiques, qui permettraient en partie de récupérer cette électricité perdue. D’autres proposent des dédommagements.
Mais l’enjeu dépasse en l’espèce de loin le sort des seuls prosumers. La progression attendue des voitures électriques et le remplacement à terme des chaudières à mazout, très nombreuses dans le sud du pays, par des pompes à chaleur va immanquablement accroître la demande en électricité propre. La filière du photovoltaïque fait partie de la solution. À ce titre, tout doit être fait pour lui permettre de se développer. Et pas la brider.