Éoliennes: gare à ne pas dépendre de la Chine
Un édito de Laurent Lambrecht.
Publié le 24-04-2023 à 00h07
Neuf chefs d’État et de gouvernement se sont donné rendez-vous à Ostende. Leur objectif affiché : construire la plus grande centrale électrique verte du monde, en pleine mer du Nord.
Disons-le d’emblée, cette impulsion politique est bienvenue. La présence de la France et du Luxembourg, deux pays qui s’opposent ouvertement sur la question nucléaire, est aussi une bonne nouvelle. Tout cela montre qu’une coopération européenne ambitieuse est possible en matière énergétique.
Pour la Belgique, cette coopération est encore plus importante. Rappelons que notre potentiel de production d'électricité renouvelable est limité. Elia, le gestionnaire du réseau électrique, a publié des chiffres éloquents dans sa Roadmap to net zero. En effet, même si la Belgique parvient à quintupler sa production éolienne et photovoltaïque d'ici 2050, elle ne produira "que" la moitié de l'électricité dont elle aura besoin à cet horizon.
Le Premier ministre et sa ministre de l’Énergie comptent donc énormément sur les importations d’électricité pour assurer notre sécurité d’approvisionnement et notre décarbonation en 2050. Mais, pour ce faire, une bonne coordination des projets européens est nécessaire. C’était le but du sommet d’Ostende.
Certains déplorent la dépendance énergétique qui attend la Belgique en 2050, mais en réalité cette dépendance va diminuer. Aujourd’hui, le gaz et le pétrole proviennent en grande majorité de pays extérieurs à l’Union européenne. Or importer de l’électricité de nos partenaires européens paraît moins risqué que de compter sur des hydrocarbures venus de (très) loin.
Si les objectifs affichés à Ostende sont ambitieux, il est grand temps de se retrousser les manches. Selon l’Agence internationale de l’énergie, il va falloir booster les capacités mondiales de production d’éoliennes pour que le monde se mette sur la voie de la neutralité carbone.
Et, à côté de l’enjeu climatique, il y a celui de l’emploi. Si Alexander De Croo s’est félicité de l’expertise européenne dans l’éolien offshore, la Chine risque de dominer ce business. Selon l’AIE, les parts de marché de la Chine dans la fabrication des pales, des nacelles et des tours pourraient respectivement atteindre 80 %, 70 % et 60 % d’ici 2030. L’objectif, pour l’Europe, n’est donc pas seulement d’être un gros marché, mais aussi de le fournir…