L’avortement tardif mérite un vrai débat éthique
Un édito de Dorian de Meeûs.
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Publié le 02-05-2023 à 23h57
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La députée fédérale Sophie Rohonyi (Défi) estimait ce week-end dans La Libre que l’IVG est désormais une question de santé publique et non une question éthique. Et d’ajouter que les évêques de Belgique – qui s’opposent à un assouplissement de la loi – n’ont pas à s’immiscer dans ce débat. Des propos qui ont fait sursauter Éric de Beukelaer, vicaire général du diocèse de Liège et ancien porte-parole des évêques de Belgique.
L’IVG est certes un acte médical, mais la question est aussi éminemment éthique. Le contester équivaut à nier tout droit à un être en devenir. C’est sa protection légitime qui en serait ignorée. Face à des questions à ce point fondamentales, un débat éthique a eu lieu lors de la précédente législature. Il mérite d’être poursuivi. Tous les avis argumentés, qu’ils proviennent de femmes ou d’hommes d’ailleurs, méritent d’exister et d’être défendus. En exclure les représentants des cultes n’a pas de sens. Certains fervents laïques vont jusqu’à leur opposer un article du Code pénal, en l’occurrence l’article 268. Tenter d’ainsi étouffer leurs voix n’est ni opportun, ni juste, ni digne.
Dans ce contexte sensible, les défenseurs de l’allongement du délai légal de l’IVG de 12 à 18 semaines de grossesse martèlent que les experts ont parlé unanimement. Leur rapport scientifique n’est pas remis en cause. Mais, comme lors de la crise sanitaire, rappelons que les lois ne sont pas décidées par les académiques. Leur véritable légitimité d’expertise et de conseils ne peut se muer en force de loi. Les citoyens ont délégué leurs pouvoirs de décision aux députés, et à eux seuls. Et ils le font après avoir pris la peine d’entendre toutes les opinions, recommandations et craintes.
Prolonger de six semaines le droit à l’avortement implique des adaptations techniques et pratiques particulièrement lourdes et peut entraîner d’éventuelles conséquences psychologiques importantes. Dans de telles conditions, l’aspect éthique ne peut être balayé du revers de la main. Imposer le silence à ses opposants philosophiques n’a jamais fait avancer la démocratie ou l’intérêt général. Bien au contraire.