Recherche collaborateur expérimenté, mais impartial
Un édito de Dorian de Meeûs.
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Publié le 08-05-2023 à 23h59 - Mis à jour le 09-05-2023 à 09h23
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Mélange des genres. Situation malsaine. Faute grave. Affaire d’État. La pratique du détachement dans les cabinets ministériels fait débat depuis les révélations dans l’affaire bpost. Petra De Sutter, la vice-Première en charge des Entreprises publiques, emploie deux experts pour la conseiller dans la gestion de bpost. Problème, ces deux collaborateurs sont rémunérés par l’entreprise publique. La cheffe de file du parti Groen au sein de la coalition Vivaldi sera mise sur le gril cette semaine à la Chambre. À cela s’ajoutent nos révélations du jour autour du collaborateur du ministre Ecolo de la Mobilité qui est un employé du contrôleur aérien Skeyes. Cette situation au sein du cabinet de Georges Gilkinet accentue le malaise autour des “conseillers détachés”. Même si la pratique n’a rien d’illégale, elle est très loin d’être idéale, voire acceptable moralement. Un problème qui, précisons-le, ne concerne pas seulement les ministres écologistes.
Un ministre qui constitue son cabinet recherche des personnes de confiance, mais aussi des compétences spécifiques, une réelle expertise technique, une certaine expérience et parfois un réseau ou un carnet d’adresses. Rien d’illégitime à cela, bien au contraire. Pour autant que deux conditions soient réunies : la transparence et l’indépendance salariale. Afin d’éviter qu’un expert puisse être taxé de favoritisme ou soupçonné de conflit d’intérêts, la composition des cabinets ministériels doit être transparente. On l’a vu dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire, comme on le voit aujourd’hui dans d’autres dossiers, aucun doute ne doit exister quant à l’indépendance des conseillers par rapport à un lobby ou un employeur en particulier. En ce sens, la question de la rémunération est centrale. Le ministère doit être l’employeur de ses experts.
Mais cet épisode soulève un autre enjeu, celui de l’expertise des administrations. Dans d’autres pays, ces dernières sont tellement efficaces et politiquement impartiales qu’elles se suffisent à elles-mêmes et ne nécessitent pas la mise en place de cabinets ministériels pléthoriques, même dans les régions. Dans un pays où les dépenses publiques sont à ce point élevées, la qualité et la continuité des administrations doivent être au rendez-vous. Leur impartialité aussi. La confiance des ministres dans leur administration est plutôt rare, alors qu’elle devrait être centrale dans un État démocratique moderne.