Hollywood, nouvelle Mecque des syndicats ?
Un édito d'Alain Lorfèvre.
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Publié le 11-05-2023 à 00h00
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La grève des scénaristes à Hollywood est entrée dans sa deuxième semaine mercredi, sans l’ombre d’un accord. Les représentants des réalisateurs entament à leur tour des négociations avec les producteurs afin de réviser leur convention sectorielle qui arrive à échéance en juin. Faute d’accord, la crise pourrait mettre à l’arrêt tous les tournages.
Vu de nos salons, ce mouvement peut ressembler à un problème de riches, loin de nos préoccupations (en dehors de celle de savoir si et quand nous verrons la dernière saison de Stranger Things ou la prochaine de House of the Dragon (1)). Il se rapproche pourtant de combats qui se mènent de ce côté-ci de l'Atlantique.
On l’ignore souvent : les syndicats sont puissants à Hollywood. Impossible d’exercer comme scénariste sans appartenir à la Writers Guild of America (Guilde des scénaristes, onze mille membres) ou de tourner un film sans cotiser à la Directors Guild of America (Guilde des Cinéastes, dix-neuf mille adhérents). Même les stars souscrivent à la Screen Actors Guild (qui pourrait entrer dans la danse)… Ces guildes se mobilisent à chaque évolution technologique (télévision, vidéo, bouquets satellites,…) pour défendre leurs membres, leurs revenus et leur métier.
Scénaristes et cinéastes réclament cette fois un ajustement de leur rémunération et leur part dans les bénéfices générés par le streaming. Les scénaristes estiment, par exemple, n’avoir jamais été aussi nombreux à travailler au salaire plancher. Ils réclament, aussi, une protection de leur propriété intellectuelle et un engagement de la part des studios à ne pas recourir à l’intelligence artificielle pour créer ou améliorer des scénarios.
Le film qui se joue ces jours-ci dans les piquets de grève aux portes des studios est symptomatique de débats qui touchent aussi nos sociétés : l’ubérisation des métiers (par le dumping social) et la menace - réelle ou fantasmée - que fait peser l’intelligence artificielle sur les emplois.
(1) Le tournage de la première est à l’arrêt, celui de la seconde en cours mais George R.R. Martin soutient les grévistes.