La Chine clouée au pilori par le G7
Un édito de Philippe Paquet.
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Publié le 21-05-2023 à 21h21 - Mis à jour le 21-05-2023 à 21h04
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Le sommet annuel du G7 tient traditionnellement autant, sinon plus, de la grand-messe que de la réunion de travail. Celui qui s’est achevé dimanche à Hiroshima, non seulement n’a pas failli à la règle, mais a été aussi exceptionnellement riche en symboles. La présence de Volodymyr Zelensky (dont la participation était initialement prévue en visioconférence) a donné, à elle seule, une dimension inattendue à ce rendez-vous placé sous le signe de la guerre en Ukraine, qui plus est dans la ville martyrisée par la bombe atomique alors que le Kremlin ne cesse de menacer le monde d’une apocalypse nucléaire.
Toutefois, au-delà du choc des images, il y a également le poids des mots, formule qui prend tout son sens à l’aune des quarante pages bien tassées du communiqué final. Passé les longs développements consacrés au commerce, à l’éducation, à la santé, au climat, à l’environnement, à l’économie numérique ou au désarmement, ce sont quelques paragraphes, à l’alinéa 51, qui font sensation - et provoquent la colère de la Chine. Il est vrai que celle-ci en prend pour son grade, comme rarement auparavant.
Tout en protestant de leur volonté d'entretenir "des relations stables et constructives" avec Pékin, et tout en se défendant de chercher à lui nuire ou à freiner son développement, les sept pays les plus industrialisés de la planète dressent un catalogue de leurs doléances et préoccupations sans rien négliger : ni les entorses aux règles du libre-échange, ni l'espionnage industriel, ni la "coercition économique", ni les violations des droits humains du Xinjiang à Hong Kong, ni les menaces contre Taïwan, ni l'expansionnisme en mer de Chine orientale et méridionale, ni l'intimidation des résidents chinois à l'étranger, ni, bien entendu, le soutien à l'invasion russe de l'Ukraine.
Couplée à la volonté déclarée de réduire une dépendance devenue critique à l’égard de l’économie chinoise, cette manifestation de lucidité, quoique bien tardive, ne peut qu’être saluée. À la condition que le poids des mots soit rapidement suivi par la force des actes. Et que la poursuite égoïste des intérêts nationaux par les membres du G7 ne vienne pas ruiner l’unité ainsi affichée par les grandes démocraties.