Un Premier ministre ne devrait pas dire ça…
Un édito de Dorian de Meeûs.
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Publié le 25-05-2023 à 06h35
Alexander De Croo a parlé, pas le Premier ministre. Il a des convictions, pas la majorité pour les porter. Dès lors, en sortant de son bureau, mardi soir, pour intervenir en direct dans l’émission politique flamande Terzake depuis le Parc royal, le libéral flamand a frappé fort. Les esprits, d’abord, les écologistes, ensuite. Alexander De Croo appelle à faire une “pause” en matière de législation européenne sur la biodiversité, le temps de digérer les nombreuses mesures de réduction d’émissions de CO2. À l’instar de la ministre flamande de l’Énergie, Zuhal Demir, et du président français, Emmanuel Macron, le Premier veut soutenir les industriels et les aider à mieux résister à la concurrence chinoise. Un discours qui percole.
Que la mise en œuvre des objectifs environnementaux suscite des crispations n’étonnera personne. Que le concept de décroissance fasse débat et inquiète, non plus. L’indispensable lutte contre le réchauffement climatique bouleverse les habitudes et menace nombre d’intérêts économiques. Bien que l’urgence soit la conséquence de décennies de laxisme, se faire l’écho de ces préoccupations paraît légitime pour un libéral flamand. Mais, vu que les scientifiques ne dissocient pas la crise climatique de l’érosion de la biodiversité, cette sortie médiatique “surprise” se révèle particulièrement déloyale. Un coup de poignard dans le dos des écolos qui pensaient déjà avoir bu le calice jusqu’à la lie. La guerre en Ukraine ayant piétiné leurs valeurs pacifistes et leur ancrage antinucléaire. Sans compter les récentes polémiques touchant à la bonne gouvernance.
La Vivaldi est à la fois critiquée et déconsidérée en Flandre. Au point de pousser Alexander De Croo à s’en distancier et à tenter de redorer son blason auprès des industriels et des agriculteurs flamands. Il entre cependant personnellement en campagne beaucoup trop tôt. Ce retournement de veste s’apparente à un aveu de faiblesse qui menace autant la coalition que sa propre reconduction au “16”. À moins qu’il n’acte ainsi la paralysie totale de la Vivaldi ? Sans le moindre espoir d’avancée économique, fiscale, sociale ou environnementale… à quoi bon soumettre cette coalition à un acharnement thérapeutique et infliger 12 mois de campagne électorale aux Belges ?