Les arguments incohérents des banquiers pour ne pas relever leurs taux
Les explications que donne le secteur pour justifier la trop faible rémunération des livrets d'épargne ne tiennent pas la route.
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- Publié le 31-05-2023 à 07h03
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Les banques belges n’ont plus le choix : elles vont devoir augmenter les taux d’intérêt sur les livrets d’épargne qui sont à des niveaux scandaleusement bas. Elles n’ont plus le choix, parce qu’enfin le monde politique est en train de mettre la pression, menaçant de prendre des mesures contraignantes telles qu’un relèvement du taux minimum sur le livret, actuellement fixé à 0,11 % alors que le taux de la Banque centrale européenne est remonté à 3,25 %. Si le monde politique - surtout les partis de gauche - a réagi c’est parce qu’il a senti qu’il ne fallait pas rester sourd à la grogne des épargnants à un an des élections. Et on espère qu’il va continuer à mettre la pression tant que les banques ne bougent pas, ou pas suffisamment.
Car les arguments qu’elles donnent pour justifier un statu quo ne tiennent pas la route. Une des explications brandie par la fédération Febelfin est de dire qu’une hausse des taux menacerait la stabilité financière du secteur. On a dû mal à y croire quand on sait que les bénéfices des banques en Belgique ont dépassé les 10 milliards d’euros en 2022. À moins que les banques aient réalisé ces plantureux bénéfices sans avoir couvert une partie des risques de remontée de taux d’intérêt. Ce qui poserait la question d’une saine gestion. Or, la Banque nationale de Belgique ne cesse de dire que les banques belges sont solides. Cherchez l’erreur…
Les grandes banques sont donc au pied du mur. Mais il ne faut pas se faire d’illusion. Dans un marché belge où il y a une concurrence insuffisante, elles ne vont pas annoncer des hausses mirobolantes. On peut même se demander si elles ne vont pas, comme la dernière fois, trouver des formules - du type l’ouverture d’un nouveau compte d'épargne pour avoir une prime de fidélité plus élevée - qui leur permettent de limiter la rémunération accordée. Des formules qui montrent que, contrairement à ce que les banquiers prétendent, les épargnants, c’est-à-dire leurs clients, ne sont pas au coeur de leur première préoccupation. Loin de là.