Limiter les voyages, une atteinte aux libertés
Un édito de Dorian de Meeûs.
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- Publié le 31-05-2023 à 00h00
- Mis à jour le 31-05-2023 à 00h01
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Imposer un quota de voyages à chaque citoyen dans le but de réduire notre empreinte écologique ? Certains y pensent, comme l’ingénieur français Jean-Marc Jancovici qui plaide pour une limitation drastique à 4 vols par personne dans une vie. D’autres personnalités, comme l’Écolo Philippe Henry, estiment que le débat n’est pas mûr à ce stade, mais ne l’excluent pas pour autant. Le ministre wallon du Climat s’est aventuré dans cette voie sur LN24, mercredi matin. Cette approche extrêmement radicale soulève nombre de questions sur les “ruptures” souhaitables. Quand on vise un objectif ambitieux, ici la préservation de la Planète, il faut chercher les mesures les plus efficaces sans tomber dans une approche brutale ou clivante. Diviser les générations, les citoyens ou même les classes sociales n’apportera rien de bon. La liberté de se déplacer et de voyager doit rester un droit individuel.
Personne ne niera que les émissions de gaz à effet de serre – dues pour partie au tourisme mondial – pèsent sur l’environnement et sur les écosystèmes fragiles. Ces préoccupations imposent des actions urgentes, concrètes et adéquates. Il ne faudrait pas s’attaquer aux voyages aveuglément, tant ils génèrent des millions d’emplois, contribuent à l’économie de nombre de pays, parfois en voie de développement, et favorisent les échanges entre les peuples et les cultures. Voyager ouvre les horizons et les esprits, mais aussi le sens critique, notamment en matière environnementale.
Comme l’excès nuit en tout, il faut sensibiliser les citoyens à l’ensemble de leurs comportements et dénoncer la surconsommation, l’abondance, les choix et attitudes d’un autre temps et certaines aberrations. Sans les pointer du doigt, il est tout à fait possible d’inciter les voyageurs à opter pour des pratiques responsables et des modes de transport moins polluants que l’avion. Poursuivre les investissements dans le tourisme local et dans des infrastructures durables aidera aussi.
La transition écologique repose en grande partie sur la responsabilité collective des citoyens, des entreprises et des gouvernements. La transition, pour être portée collectivement, doit être comprise, équilibrée et acceptable. Le tout, dans l’urgence que l’on connaît.