La Belgique, un pays sans voix
Un édito de Dorian de Meeûs.
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- Publié le 04-06-2023 à 20h32
- Mis à jour le 05-06-2023 à 11h37
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En permettant la libération de quatre otages européens retenus par l’Iran, notre diplomatie a enregistré un énorme succès. Un succès applaudi dans plusieurs capitales européennes. Le sens du compromis “à la belge”, notre créativité face aux clivages idéologiques et les qualités de nos ambassadeurs sont mondialement reconnus.
Ne vous fiez pas aux apparences, ce beau tableau connaît quelques fragilités. Si notre petit pays offre une plus-value dans nombre de dossiers internationaux, il freine parfois aussi la bonne marche du monde. Comme pour d’autres pays dirigés par une coalition un peu improbable (comme en Allemagne notamment), les tensions gouvernementales pèsent. Parfois, trop souvent en réalité, la Belgique doit s’abstenir au Conseil de l'Union européenne car une entité fédérée, pensons à la Région flamande, refuse tout compromis. On l’observe principalement sur les questions environnementales et climatiques. Pourtant, même dans ces matières, notre pays pourrait peser de tout son poids sur la scène européenne. En l’absence de volonté politique, de concertation ou de compromis, et bien que nos diplomates contribuent aux débats, la Belgique s’abstient parfois de voter sur des gros dossiers symboliques. Et sans vote, nos partenaires ne peuvent compter sur notre pays.
À quelques mois de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne, il y a là un fameux paradoxe. Le rôle de notre pays ne sera pas tellement de se positionner, mais de trouver des accords entre les Etats-membres, là où elle ne parvient parfois pas elle-même à dégager un consensus belge.
Au Congo aussi, le silence belge frappe les esprits. La RDC vire de plus en plus à la dictature, mais la Belgique se tait dans toutes les langues. Notre gouvernement ne condamne même plus un système électoral pourtant corrompu et truqué. Se retrancher derrière la position européenne ne passe pas. Penser que la Belgique n’a plus rien à dire sur les dérives du Congo serait une erreur, ou une preuve de lâcheté.
À quoi bon être un état trilingue si c’est pour rester muet sur la scène internationale ? Le Comité de concertation a ici une obligation de résultat. C’est le rôle et la responsabilité du Premier ministre que de résoudre ce type de blocages et de dégager une position belge sur chaque dossier majeur.