Le droit de manifester, pas de casser
Un édito de Dorian de Meeûs.
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- Publié le 05-06-2023 à 23h59
- Mis à jour le 05-06-2023 à 00h00
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Chacun a le souvenir d’avoir un jour été choqué par la violence qui perturbe certaines manifestations. Que ce soit dans le cadre de luttes sociales, de contestations de mesures sanitaires, d'actions politiques ou de marches citoyennes, la violence n’est jamais porteuse d’un message audible. Et quand une manifestation monstre se résume à un bilan désastreux de destructions et de blessés, c’est qu’il y a un problème à résoudre. Un problème démocratique. Y répondre est dans l’intérêt de tous. Encore faut-il mettre sur la table un projet de texte clair et largement accepté.
À l’avenir, les casseurs condamnés pour des infractions commises lors de grands rassemblements pourraient non seulement se retrouver devant un tribunal mais également se voir interdire de manifester. Une double peine, en quelque sorte. C’est du moins l’objectif visé par le projet de la "loi anti-casseurs" déposé par le ministre de la Justice. Ce texte, du libéral flamand Vincent Van Quickenborne, est logiquement salué par l’Union des Classes moyennes qui défend ainsi les gérants de commerces saccagés durant les manifestations. Si son objectif est louable, il suscite de vives critiques auprès de tous les syndicats, de la magistrature et d'acteurs de la société civile (La Ligue des Droits humains, Greenpeace, Amnesty International...). Ecolo et le PS demandent aussi des ajustements. Ils dénoncent le flou du texte qui permettrait trop facilement d'englober de simples manifestants, des militants climatiques ou des actes "classiques" (piquets de grève, jets d’œufs ou de peinture sur une façade, tags revendicatifs, mettre le feu à des palettes ou à des pneus…).
Faut-il y voir un frein à la liberté de manifester ou à la liberté d’expression ? Entre la théorie et la pratique, le risque d'une mauvaise interprétation ou d'une trop large application de la loi existe. Ce flou doit être évacué.
Enfin, reconnaissons qu'une telle loi ne parviendra jamais à mettre fin aux violences et aux saccages de biens publics et privés lors de manifestations. Décourager les casseurs de passer à l'acte, c'est louable, mais les limites de l’exercice paraissent évidentes. En France, plusieurs législations similaires n’ont aucunement réduit les actes de violence lors de manifestations. Un constat bien regrettable.