Réforme fiscale : chronique d'un échec annoncé
Un commentaire de François Mathieu
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- Publié le 19-07-2023 à 14h43
- Mis à jour le 19-07-2023 à 17h01
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L’accord gouvernemental de 2020 portait en lui les germes de l’échec de la Vivaldi à s’entendre sur les grandes lignes d’une réforme fiscale. Les contours de cette réforme étaient flous. On n’y évoquait en outre juste un "travail préparatoire" en vue d’une grande réforme fiscale à appliquer après 2024. Cela voulait tout dire. La méthode elle-même pouvait prêter le flanc à la critique : le ministre des Finances a confié ce travail préparatoire à des experts académiques – aussi brillants soient-ils - avec un manque évident de transparence. Dans ces conditions, l’épure présentée… à la presse plutôt qu’à ses partenaires de la majorité l’an dernier ne pouvait que crisper les débats politiques à l’entame des négociations.
Jamais les discussions entre les sept vice-Premiers n’ont été sereines. Jamais leurs conseillers n’ont pourtant été autant sollicités pour trouver des solutions au casse-tête. Le gouvernement et les cabinets ministériels concernés terminent ces joutes éreintés. Vidés. Sans perspective de solution. Et en abîmant au passage les futures discussions sur cette réforme fiscale (et du marché du travail). Parce qu’il est évident que cette réforme devra à nouveau être remise sur la table lors de la prochaine législature.
Il reste à espérer que tout ce travail servira mais quand on voit le travail préparatoire réalisé ces trois dernières législatures sur les pensions et ce qu’il en est advenu, le doute est permis. La Vivaldi, ici aussi, a été incapable de répondre présente, et de mettre sur pied une réforme des pensions qui assure la soutenabilité financière du régime des retraites dans une perspective de long terme.
Une note "positive", toutefois : la dernière proposition en date du ministre des Finances ne ressemblait en rien à une réforme fiscale, juste à une adjonction de mesures à vocation purement budgétaire. Qu’elle soit jetée aux oubliettes ne constitue peut-être pas une si mauvaise nouvelle. Le hic, c’est que la Belgique reste avec d’énormes problèmes sur les bras, notamment ceux d’avoir des revenus du travail trop taxés et d’abriter un système fiscal complexe, indigeste, qui ouvre la voie à des tas d’échappatoires qui créent inégalités et discriminations. Et de dépenses publiques trop élevées. Le prochain exécutif devra avoir davantage le sens de l’intérêt général.