Ryanair : le silence assourdissant des politiques
Un édito de Vincent Slits.
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- Publié le 10-08-2023 à 23h59
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Non-respect de la législation sociale belge, droit des passagers bafoués, salaires impayés, pression sur le personnel, tentatives de contournement des mouvements de grève…
Cela fait maintenant des années que le modèle Ryanair suscite la polémique et le malaise dans notre pays, alimentant le ras-le-bol d’un personnel mis à toutes les sauces. Un nouveau mouvement de grève aura ainsi lieu les 14 et 15 août, à l’impulsion des pilotes cette fois. Les voyageurs seront contraints et forcés de s’adapter. Comme d’habitude… Mais tel un rouleau compresseur, la compagnie irlandaise, elle, n’entend pas dévier de cap, sûre de sa force de frappe commerciale et de l’efficacité redoutable de sa politique des prix les plus bas.
En attendant, le monde politique wallon, lui, regarde passer les… avions. Ces derniers jours, son silence a été assez assourdissant sur ce dossier qui reste pourtant socialement explosif, traduisant un embarras autant qu’une totale impuissance à forcer Ryanair à enfin respecter nos lois. Le constat est interpellant. Il n’est pas normal, sous couvert de la création d’emplois et du poids de certains acteurs privés, que des zones de non-droit social subsistent et se développent dans notre pays.
Comme on le lira dans nos pages, chiffres à l’appui, la Région wallonne a véritablement déroulé le tapis rouge pour attirer Ryanair à Charleroi. La machine à subsides et les incitants fiscaux ont fonctionné à plein, au point de fausser ouvertement la concurrence avec les autres aéroports. Pas étonnant dès lors que la base carolo soit devenue au fil des années la véritable "poule aux œufs d’or" de Ryanair.
L’aéroport de Charleroi et le pôle économique qui y gravite sont aujourd’hui une pièce maîtresse du développement économique de la Wallonie. C’est un fait. Mais il serait plus que temps que nos représentants politiques quittent le terrain de la duplicité envers Ryanair pour enfin se montrer fermes face à une entreprise qui depuis trop longtemps ne respecte pas les règles du jeu. Défendre, la main sur le cœur, les droits des travailleurs lors des discours politiques du 1er mai est une chose, mais les faire respecter demande un autre courage.