Je suis le dérèglement climatique
Un édito de Gilles Toussaint.
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- Publié le 11-08-2023 à 23h56
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Qualifiées une nouvelle fois de "scènes de guerre", les images qui nous parviennent de l’archipel d’Hawaï laissent effectivement pantois devant l’étendue des dégâts mais aussi, et surtout, devant l’impuissance dans laquelle ont été plongées les victimes de ce désastre d’une nature inédite. Ici encore, et même s’il ne s’agit pas du seul facteur en cause, cette catastrophe porte l’empreinte du dérèglement du système climatique de la planète, qui a contribué à amplifier le développement d’incendies dont le déclenchement est favorisé par une sécheresse accrue à laquelle n’echappe pas ce recoin du monde.
Hawaï succède ainsi aux feux qui ont ravagé l’île grecque de Rhodes, aux incendies records (un qualificatif qui perd peu à peu de son sens tant ceux-ci s’enchaînent)qui dévastent les forêts canadiennes depuis plusieurs mois, aux inondations qui viennent de frapper la Slovénie, à celles qui ont fait près de 2000 morts au Pakistan l’an dernier et 39 morts en Wallonie en 2021… Sans oublier toutes les catastrophes climatiques qui, passant sous le radar médiatique, frappent les populations des pays les plus pauvres, qui sont aussi les plus vulnérables à leurs impacts. Des situations qui créent les conditions de déstabilisations sociales et politiques de grande ampleur, favorisant l’émergence future de conflits et des régimes de plus en plus autoritaires.
Une question se pose dès lors, de plus en plus pressante : qu’attendons-nous pour agir ? Si la prise de conscience de l’ampleur du phénomène paraît gagner l’opinion publique au pas de course, nombreux sont ceux qui demeurent passifs, comme tétanisés, face aux transformations à entreprendre. Celles-ci ne sont pas toutes agréables, ne nous mentons pas, elles exigent des sacrifices et des renoncements qui touchent les modes de vie, en particulier au sein des populations les plus aisées, habituées à consommer et à polluer sans compter. Dès lors, nombreux sont ceux qui préfèrent attendre que le voisin agisse, que les Chinois et les Indiens fassent des efforts…
De la même manière qu’un automobiliste coincé dans un embouteillage doit intégrer le fait qu’il est une partie du problème, nous devons tous et toutes mesurer que nous sommes à la racine de la déstabilisation du climat. Et agir en conséquence. Ces réponses individuelles resteront très insuffisantes par rapport aux efforts à accomplir, mais elles constituent un levier indispensable pour pousser les autorités à assumer enfin des choix difficiles mais de plus en plus vitaux.