Prisons: le renom de la Belgique est en jeu
Un édito de Xavier Ducarme
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/38b9e231-9d47-4565-bb19-3137a3236245.png)
- Publié le 13-08-2023 à 00h01
:focal(1499x985:1509x975)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/N4QJEL2HLBECDFJHKKKOKEWALY.jpg)
Un nouveau camouflet pour la Belgique. Difficile de qualifier autrement la décision de la justice allemande de refuser l’extradition d’un détenu de nationalité turque qui doit être entendu dans le cadre d’une enquête criminelle à Liège. Motif invoqué par le magistrat de Düsseldorf ? Il veut des garanties que ses conditions de détention ne puissent pas être considérées comme une atteinte aux droits fondamentaux.
Ce n’est pas la première fois que des magistrats de pays voisins émettent ainsi des doutes sur le bon fonctionnement du système carcéral de la Belgique. Aux Pays-Bas, plusieurs extraditions vers notre royaume n’ont pu être acceptées qu’à la condition que le prisonnier soit logé dans un établissement spécifique, où la gestion de son incarcération est jugée acceptable. En Italie, il n’est pas rare non plus que les procédures de transfèrement soient alourdies pour les mêmes raisons. On l’a encore vu récemment dans le dossier retentissant du Qatargate. Plusieurs personnalités, dont le juge d’instruction réclamait la présence à Bruxelles pour audition, ont fait valoir l’état déplorable des geôles belges pour faire reporter les décisions des juges italiens. Avec un certain succès.
On le voit, la réputation désastreuse des prisons belges a maintenant largement dépassé les frontières. Au risque de mettre systématiquement des bâtons dans les roues de la justice belge.
Mais comment véritablement s’étonner de cette situation ? Cela fait des années que la politique pénitentiaire de notre pays aligne, dans une indifférence assez généralisée, les rapports accablants et les condamnations. Encore tout récemment, en juillet, le bourgmestre de Mons, pressé par une décision du tribunal, a dû prendre un arrêté pour interdire toute nouvelle arrivée de détenus. La surpopulation dans cet établissement, qui date du XIXe siècle (Verlaine y fut incarcéré en 1873 !), avait atteint un seuil qui n’était plus tolérable : 140 % de la capacité maximale.
"Une société se juge à l'état de ses prisons", a dit un jour Albert Camus. Des paroles que le monde politique belge serait bien inspiré de méditer. C'est le renom même du pays qui se joue ici.