Déchets ménagers à Bruxelles : une gestion chaotique
Un édito de François Mathieu
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- Publié le 19-08-2023 à 07h11
- Mis à jour le 19-08-2023 à 07h15
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La gestion politique des gros dossiers du quotidien des citoyens continue d’interpeller à Bruxelles. Il en va ainsi du plan de mobilité « Good Move », du dossier du « Métro Nord » comme de la toute récente réforme de la gestion des déchets ménagers en Région bruxelloise : un sentiment patent d’impréparation, un manque d’anticipation, des solutions temporaires et des dégâts collatéraux, le tout enrobé de longues discussions politiques et de lourdeurs administratives assez classiques dans notre Royaume si compliqué sur le plan institutionnel.
De prime abord, le tri des déchets alimentaires, obligatoire à Bruxelles depuis la mi-mai, s’appuie sur un argument écologique irréfutable : mieux vaut transformer les déchets organiques collectés via les sacs orange en énergie (via la bio-méthanisation) plutôt que de les incinérer. Sauf que cette réforme des déchets ménagers, plutôt chaotique depuis son lancement, ne s’est pas accompagnée d’une solution durable en matière de biométhanisation. Les 26000 tonnes "d'épluchures" prévues pour cette année à Bruxelles partent donc par camion pour être traitées à 110 km de là, à Ypres, en Région flamande. Le tout pour un coût de 3 millions d’euros par an. Une situation qui va perdurer au moins jusqu’en 2025-2026. En termes de préservation de l’environnement, on a vu des décisions plus appropriées. Implanter une telle usine à Bruxelles coûte cher, certes. Plusieurs dizaines de millions d’euros, voire une centaine de millions d’euros.
L'obtention du permis d’exploiter, à Bruxelles, comme dans les autres Régions d’ailleurs, reste par ailleurs délicate, on le sait, surtout quand les nuisances concomitantes sont aisément envisageables. Les effluves de la colère montent vite. Les recours de riverains ou d’associations atterrissent souvent sur la table du Conseil d’État ou la Cour constitutionnelle dès lors que des intérêts particuliers sont menacés. On l’aura compris, cette réforme des déchets ménagers, pour de bonnes et mauvaise raisons, a été mal fagotée et risque de ne pas remplir avant longtemps ses objectifs environnementaux. C’est regrettable. Mais plus durable : pour ce dossier comme pour beaucoup d’autres, la cacophonie inhérente à la plupart des dossiers importants qui touchent à la vie en société à Bruxelles – mais le constat vaut souvent pour les autres Régions – exige d’être priorisées et traitées différemment. D’autant que dans le cas de la gestion des déchets organiques, les discussions remontent à la décennie précédente... Tout est dit.