Le Président et le prisonnier
Un édito de Philippe Paquet.
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- Publié le 25-08-2023 à 00h00
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Historique, la photo d’identité judiciaire de Donald Trump témoignera d’une époque, quelle que soit l’issue de ses multiples procès : celle où un président des États-Unis a cherché à s’accrocher au pouvoir par tous les moyens, au mépris de la loi et de la Constitution. Un président qui inventa le mythe d’une victoire volée. Qui voulut corrompre les dirigeants de son parti pour arriver à ses fins en falsifiant les résultats d’une élection. Qui mit littéralement le feu aux poudres en ordonnant l’assaut du Capitole, au péril de la démocratie américaine. Et qui berna en définitive des millions de ses compatriotes en les projetant dans un monde sorti de sa seule imagination.
Un tel homme devrait être un repoussoir. Au lieu de quoi ceux qui aspirent pourtant à empêcher son retour à la Maison-Blanche ne trouvent rien de mieux à faire que de lui renouveler leur allégeance. Mercredi, lors d’un premier débat télévisé, tous les prétendants à l’investiture républicaine sauf deux (deux seconds couteaux) ont déclaré qu’ils soutiendraient Donald Trump s’il devenait le candidat du Parti à la présidentielle, quand bien même il serait entre-temps condamné - et donc reconnu coupable. Cet aveu est non seulement pathétique, il est surtout scandaleux car il revient à faire fi par avance des décisions de justice. Que de possibles futurs locataires de la Maison-Blanche puissent tenir la justice de leur pays en pareil mépris est ahurissant.
À propos de justice, rétorqueront les défenseurs et admirateurs de Donald Trump, jusque dans nos lointaines contrées, et si l’on s’intéressait, pour changer, à Hunter Biden ? La machine judiciaire est en marche, mais il y a tout de même de grandes différences. On parle ici des fautes commises par le fils du Président, pas par le Président - et Hunter Biden n’est pas non plus, que l’on sache, candidat à l’élection présidentielle. Surtout, s’il est suspecté de délits économiques plus ou moins graves (fraude fiscale, enrichissement douteux, etc.), le fils Biden n’est pas accusé d’avoir voulu truquer une élection, ni d’avoir incité des fanatiques à ébranler les institutions américaines, notamment en mettant à sac le siège du Congrès.