La revanche des clients de banques
Un édito de François Mathieu
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- Publié le 29-08-2023 à 23h53
- Mis à jour le 30-08-2023 à 08h38
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L’affolement des compteurs du côté des souscriptions du bon d’État à un an révèle bien plus le ressentiment des clients à l’égard de leurs banques que l’intérêt réel pour ce type de placement. Soyons de bons comptes, le bon d’état a un intérêt tout relatif. Compte tenu de l’ampleur de l’inflation, l’épargnant perd juste moins d’argent en investissant dans un bon d’État à un an qu’en laissant ses deniers sur un compte d’épargne assorti d’un rendement ridicule depuis trop longtemps.
Cette rancoeur se manifeste aujourd’hui de manière soudaine, pour le plus grand bonheur d’un ministre des Finances qui sortira de cette législature avec au moins une plume à son chapeau. Il fallait s’y attendre. D’abord, la crise financière, et la crise des dettes souveraines, ont laissé une trace indélébile dans la mémoire de très nombreux citoyens. Sur le niveau de notre endettement public aussi, du reste. Certes, depuis lors, les banques sont contraintes par des réglementations bien plus sévères en matière de capitaux propres, notamment. Mais “le tout à la digitalisation” tant vanté par les institutions bancaires depuis lors montre ses limites à l’occasion de cette émission monstre du bon d’État à un an. Les polémiques n’en finissent pas depuis des années sur la disparition des agences bancaires, sur la baisse drastique des distributeurs de billets, sur la cherté des opérations bancaires.
Il faut désormais y ajouter une qualité de service à géométrie variable. Le bénéfice des investissements dans la digitalisation est-il vraiment de devoir passer une demi-heure au téléphone avec un “help desk” débordé pour simplement remonter une limite sur le compte courant pour procéder au paiement de la souscription du bon d’Etat ? Le sentiment prévaut parfois, en prenant rendez-vous avec sa banque, qu’on fixe un entretien avec un cardiologue ou un ophtalmologue. Les banques sous-estiment clairement ce ressentiment profond à l’égard de la qualité des services qu’elles offrent à leurs clients. Et ce faisant, elles négligent un rôle sociétal primordial pour le bon fonctionnement de notre société, et de notre économie.
Ce constat est d’ailleurs sans doute partagé par les institutions financières elles-mêmes. Comment comprendre, en effet, l’envoi du communiqué de la fédération bancaire ce mercredi, intitulé “Bon d’Etat : les banques mettent tout en œuvre pour aider leur clientèle”. Et bien non, les banques ne mettent pas tout en œuvre pour faciliter la vie de leurs clients, ni pour répondre à leurs desiderata. Si l’émission retentissante du bon d’État du ministre peut au moins avoir une vertu, ce serait bien celle de réveiller les banques quant à leur approche du service à la clientèle.