Les effets pervers du gel des loyers
Un édito de François Mathieu.
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- Publié le 31-08-2023 à 00h00
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En Wallonie et en Flandre, les loyers des logements énergivores pourront à nouveau être indexés. On attend la décision à Bruxelles… On imagine mal qu’elle n’aille pas dans le même sens. À l’origine, l’idée se défendait de geler les loyers des (nombreuses) passoires énergétiques en Belgique. En pleine crise de l’énergie, avec un taux d’inflation de 10 %, la facture aurait été douloureuse pour beaucoup de locataires. Mais les autorités régionales ne pouvaient pas brider plus longtemps les loyers.
L’inflation est revenue à des niveaux plus "supportables", d’autant que les salaires ont le plus souvent été indexés. Voilà pour l’argument de base soutenant une décision assez logique de ne plus cadenasser les loyers. Ce gel, s’il avait dû se prolonger, aurait en outre eu des effets plus pernicieux. En Belgique, en particulier en Wallonie et à Bruxelles, seule une petite minorité de bâtiments répond "aux normes", ce qui signifie qu’il y a beaucoup de travaux à réaliser pour obtenir un bon label énergétique. Un gel prolongé de l’indexation pour ces passoires aurait ainsi sans doute découragé nombre de propriétaires à réaliser des travaux. Cela dit, cette normalisation ne suffira pas, et dans certains cas de figure (tours, immeubles classés ou protégés, etc.), les aménagements nécessaires à une mise aux normes sont parfois impayables. Comme la situation du bâti ne peut rester en l’état, les incitants pour rénover doivent figurer en bonne place des programmes des partis en vue de la prochaine législature. Clamer haut et fort que la transition climatique est une priorité doit aussi se ressentir réellement sur le terrain. Ce qui sous-entend de s’attaquer aussi au problème des pénuries d’emploi dans le secteur de la construction et de la rénovation.
Autre effet pervers du gel des loyers : il biaise sans doute le marché immobilier. Les évaluations sérieuses de l’impact du gel des loyers brillent par leur absence, mais on peut difficilement imaginer que de telles mesures n’aient pas d’effet déstabilisateur, surtout si aucun encadrement ne suit la fin d’une période de gel.
L’entretien de cette guéguerre entre locataires et propriétaires, qui ne sert la cause de personne, masque un autre vrai problème à résoudre rapidement : l’harmonisation des certificats PEB en Belgique. Actuellement, on s’y perd dans les méthodologies de calcul des déperditions d’énergie, à géométrie variable suivant les régions, dans le cadre des certifications. Ici aussi, ce serait bien d’y mettre bon ordre.