L’urgence des secours, sans rancœur
Le Maroc est accusé d’avoir privilégié l’aide de certains États en raison de considérations diplomatiques ou financières. Des spéculations déplacées en pareil moment.
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- Publié le 11-09-2023 à 23h59
- Mis à jour le 11-09-2023 à 00h00
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Un séisme est un événement traumatique. Il attente à notre essence même. En cela, il met chaque être vivant sur un pied d’égalité. Dans les moments qui suivent, les premiers gestes sont les mêmes : s’extraire du danger, protéger les êtres aimés, retrouver ceux qui manquent à l’appel, aider ceux dans le besoin… En cela, toute aide nationale ou internationale est bienvenue. Chaque main tendue – et elles sont nombreuses – peut s’avérer salvatrice, réconfortante. À plus forte raison dans des villages retirés comme ceux du Haut Atlas (dans le centre du Maroc) que le séisme de vendredi soir a secoués, faisant s’écrouler nombre de constructions comme des châteaux de cartes. Le déploiement de l’armée marocaine, du Croissant Rouge et d’autres acteurs de la société civile montrent que les secours font face à la catastrophe. Toute autre considération devrait être superflue.
Pourtant, en acceptant l’aide des seuls Émirats arabes unis, Espagne, Qatar et Royaume-Uni, Rabat est accusée d’avoir privilégié avant tout des considérations diplomatiques ou financières. Ces spéculations sont déplacées en pareil moment. Quand bien même y aurait-il des arrière-pensées dans le choix effectué, le Maroc est État souverain, comme l’a souligné – à raison – la chef de la diplomatie française, et lui seul est en mesure de déterminer quels sont ses besoins et à quel rythme il entend y répondre. Bien d’autres pays, dont la Belgique et la France, qui ont des liens historiques avec le Maroc, ont proposé leur aide. Et rien ne dit que le Royaume chérifien n’y aura pas recours le moment venu. Au-delà, cette polémique quant au reflet supposé – voire avéré – qu’il projette des relations internationales entretenues par le Maroc, ne charrie-t-elle pas aussi quelque relent de colonialisme ou quelque accès de condescendance à l’égard de celui qui refuse une assistance dont on juge qu’il aurait bien besoin ? Afin d’alimenter la réflexion : se serait-on posé la même question à l’occasion d’une catastrophe en France ?
À l’heure de l’urgence des secours et de la menace constante de répliques sismiques, laissons à Rabat son libre choix. L’heure est à la solidarité, aux élans de bonne volonté. D’où qu’ils viennent. Et sans rancœur mal placée.