Les inquiétudes qu’inspire Joe Biden
Un édito de Philippe Paquet
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- Publié le 12-09-2023 à 00h02
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La scène est catastrophique : un Joe Biden visiblement épuisé, peinant à rassembler ses idées comme à trouver ses mots, balbutiant et divaguant, avant que sa porte-parole ne vienne à son secours en mettant abruptement fin à la conférence de presse qui concluait, lundi soir, sa visite au Vietnam. Les adversaires du président américain n’en demandaient pas tant pour discréditer un octogénaire qui aspire à un second mandat alors qu’il semble à peine capable de finir le premier.
La scène est, cependant, injuste : si l’homme est apparu à bout de souffle, sa présidence ne l’est pas. Après les jalons posés par Bill Clinton en 2000 et Barack Obama en 2016, Joe Biden vient de donner à la relation entre Hanoï et Washington une dimension sans précédent. Le Vietnam a jadis hanté les États-Unis. Il est aujourd’hui pour eux un partenaire majeur : 138 milliards de dollars d’échanges commerciaux l’an dernier, un flot de contrats et d’investissements, un accord signé lundi pour la fourniture de terres rares dont le Vietnam possède les deuxièmes réserves mondiales après la Chine… Une manne pour l’économie américaine.
En se recueillant à Hanoï devant la stèle honorant la mémoire de John McCain, le prisonnier de guerre devenu sénateur républicain, Joe Biden a salué un vieil ami. Il a surtout rappelé, à l’heure des clivages insurmontables à Washington, que la politique devrait être fondée sur le respect et le dialogue. En son temps, Donald Trump avait raillé McCain, refusant de voir en lui un héros…
Le modèle offert par Joe Biden est inspirant. Mais il aurait précisément pu inspirer un candidat à la fois jeune et expérimenté pour qui les Démocrates auraient voté par enthousiasme plus que par dépit. En briguant un second mandat pour lequel il n’a probablement plus l’énergie nécessaire, le Président fait courir à ses partisans le risque d’une défaite d’autant plus grand que l’issue des élections de 2016 et de 2020 s’est jouée dans quelques États, à quelques milliers de voix près. Après avoir été le président qui a écarté Donald Trump de la Maison-Blanche, Joe Biden pourrait être le candidat qui l’y ramène (et si ce n’est Trump lui-même, alors un de ses avatars, comme le gouverneur Ron DeSantis).