L’Europe montre enfin un peu les dents face à la Chine
Un édito de François Mathieu.
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- Publié le 13-09-2023 à 00h00
- Mis à jour le 14-09-2023 à 09h31
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L’annonce, dans le cadre du discours sur l’État de l’Union de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, de l’ouverture d’une enquête “antisubventions” sur les véhicules électriques chinois vendus en Europe est une bonne nouvelle. Elle en appelle d’autres. Il suffit de jeter un œil à l’état de la balance commerciale de l’Europe pour s’en convaincre : on importe beaucoup plus qu’on exporte. Exacerbée par la crise sanitaire – avec les problèmes de ruptures dans les chaînes approvisionnement – et la crise énergétique, le contentieux commercial avec la Chine, qui ne date pas d’hier, avait connu un nouvel essor avec l’avènement d’une politique plus protectionniste de la part des États-Unis de Donald Trump. La politique chinoise est connue : des subventions importantes pour doter ses entreprises de la capacité de dicter leur loi en termes de prix. Et, dans le sens inverse, des barrières qui restent importantes à l’entrée d’entreprises étrangères sur son sol dans la plupart des secteurs d’activité.
Bref, les dés sont pipés. Le problème est d’autant plus aigu que la Chine a élevé son niveau de jeu, et concurrence aussi l’Europe sur le plan des biens d’équipement semi-finis, plus seulement sur les produits de base. Le problème s’est élargi donc. Pas sûr que, comme en 2019, l’Europe interdirait donc encore aujourd’hui une fusion entre Siemens et Alstom, qui avait donné par là un gage à la Chine que ses voies commerciales lui restaient largement ouvertes, faute de pouvoir se battre sur le terrain de la compétitivité. Cet échec cuisant, très mal ressenti par les industriels européens, a été utile. Il semble qu’un déclic s’opère. La Commission a proposé de mettre en place des mécanismes de surveillance des investissements étrangers, s’est battue pour protéger sa fibre optique dans le secteur des télécoms, s’est décarcassée pour éviter des transferts de technologies… Entre autres.
L’ouverture d’une enquête dans le domaine de véhicules électriques, un dossier depuis longtemps sur la table, est un nouveau pas dans la bonne direction. Mais il en faudra un autre, plus substantiel. L’Europe parviendra véritablement à lutter à armes égales avec la Chine lorsqu’elle mettra de côté son conservatisme habituel en matière de sanctions au nom… de la libre concurrence et lorsqu’elle parviendra à fédérer ses États membres à tirer dans la même direction au même moment. On sent poindre cette volonté, nécessité faisant loi. L’Europe a compris que la compétitivité se joue par les prix, mais aussi par les investissements dans l’innovation, porteurs de valeurs ajoutée et d’indépendance dans des secteurs clés. L’automobile en est un. Il y en a d’autres. Et il devient urgent d’accélérer la cadence.