Ecouter, ne pas juger
Les personnes qui souffrent méritent avant tout le respect et l'écoute, plutôt que d'être jugées, dévalorisées, marginalisées et discriminées.
- Publié le 12-04-2007 à 00h00
Professeur à l'UCL et aux FUNDP (Namur)
En tant que professeur de psychologie et de psychologie médicale à la Faculté de Médecine (FUNDP), de psychologie de la personne handicapée à la Faculté de Psychologie et de santé maternelle et infantile à l'Ecole de Santé Publique (UCL), je voudrais rappeler que les personnes qui souffrent méritent d'abord et avant tout le respect et l'écoute, plutôt que d'être jugées, dévalorisées, marginalisées et discriminées. C'est d'ailleurs, je crois, un message essentiel de l'Evangile.
En ma qualité de vice-président du "Conseil Supérieur de Promotion de la Santé" de la Communauté française et président de sa Commission "Epidémiologie", je me dois de dénoncer le déni de Monseigneur Léonard quant à l'efficacité de l'utilisation du préservatif pour la prévention du sida, utilité pleinement reconnue et affirmée par la communauté scientifique, dans le champ de la promotion de la santé et de l'éducation à la santé.
En outre, d'un point de vue scientifique ainsi que de la recherche de cohérence dans l'utilisation des théories psychanalytiques, je me dois de rappeler que Sigmund Freud a aussi abordé la problématique du célibat et des mécanismes de défense qui y sont liés (refoulement, sublimation, rationalisation), ainsi que les problèmes posés par "l'avenir d'une illusion".
En me référant au message de l'Evangile, à l'humanisme chrétien et à l'humanisme affirmé par la Déclaration des Droits de l'Homme, j'en appelle à plus d'humanité et de respect de ceux qui souffrent, de ceux qui cherchent la vérité, de ceux qui défendent plus de justice et de non-discrimination.
Pour éviter des fixations et des processus obsessionnels en matière de morale familiale, je proposerais qu'on y intègre la lutte contre les discriminations à l'égard des femmes, à l'égard des plus démunis, à l'égard des personnes handicapées, à l'égard de ceux qui sont marginalisés à cause de leur spécificité humaine, qu'elle soit raciale ou sexuelle.
En référence à l'Evangile, j'aimerais rappeler que le Christ a dénoncé le pharisianisme et a prôné un dépassement de la loi pour la prise en compte des besoins et des désirs humains : rappelons ces options quant au Sabbat. En outre, il a dénoncé les pécheurs susceptibles de jeter la première pierre à ceux et celles qui ne correspondaient pas aux normes sociales et relationnelles de son époque.
Je ne crois pas que, s'il était encore dans la communauté humaine aujourd'hui, il aurait utilisé des procédures médiatiques du "sensationnel", pour bafouer des personnes qui souffrent : il les aurait rencontrées avec bienveillance à partir de leur propre réalité humaine.
A quelques semaines à peine du décès du Chanoine Pierre de Locht, je crois en une Eglise qui ne partage pas les attitudes et les représentations sociales de Monseigneur Léonard; attitudes et représentations sociales qui ne sont d'ailleurs pas partagées par l'ensemble des évêques de cette Eglise. Puissent ces derniers aussi avoir la parole dans les médias. Espérons !