Au secours, l’écriture manuscrite est presque morte!

Face aux ordinateurs, tablettes et gsm, l’enseignement de l’écriture manuelle n’est plus obligatoire dans 45 Etats d’Amérique. C’est devenu une option. Bref, pour ceux qui veulent... COMMENTAIRE

Commentaire de Dorian de Meeûs
Au secours, l’écriture manuscrite est presque morte!
©IPM

Les ordinateurs, tablettes et gsm sont partout. Le quotidien allemand Bild était parmi les premiers à lancer un cri d’alarme il y a quelques mois : l’écriture manuelle disparaît, il faut la sauver! Mais à y regarder de plus près, la survie de l’écriture cursive – qui dévoile si clairement certaines personnalités – est de moins en moins probable. Face à la révolution informatique, l’enseignement de cette forme d'écriture manuelle n’est même plus obligatoire dans 45 Etats d’Amérique. C’est devenu une option. Bref, pour ceux qui veulent... Les autres se garderont bien d’éviter un tel effort inutile en privilégiant les écrans tactiles, voire un vieux et encombrant clavier d’ordinateur. La fin de l’écriture ? ‘Horreur!’ dirons-nous. ‘C’est le développement technologique inévitable!’ répondront certains.

Dans la pratique, la messe est (presque) dite. Voyez plutôt : une récente étude britannique constate qu’un adulte sur 3 n’a plus pris en main de stylo ou crayon ces 6 derniers mois. Et pour cause, on communique par SMS, e-mails, vidéoconférences, smileys,… autant de pratiques qui ont déjà massacré l’orthographe et la grammaire de nombre d’entre nous. Dans certaines écoles américaines, les enseignants nous expliquent que les enfants qui doivent impérativement écrire sans aide technologique le font en ‘dessinant’ des lettres d’imprimerie. Pensez donc, décoder des lettres cursives… tout un art, réservé aux vieux ! Horreur, encore.

Mais limiter l’écriture à une option scolaire, qui risque bien vite d’être encore moins attractive que le latin ou le grec, cela nous semble tellement inenvisageable. Et pour cause, l’écriture est un moyen unique d’exprimer une forme d’identité et de personnalité humaine dans un monde numérique. Là où les e-mails sont des nids à malentendus, une lettre écrite permet d’être nuancé à travers des émotions parfois peu contrôlables : traits rapides, courts, élégants, artistiques, comiques, enfantins et parfois – il est vrai - illisibles à l’instar des prescriptions médicales de nos chers médecins, que seuls des pharmaciens savants parviennent à décoder.

Horreur, d’autant que les neurologues pensent que l’écriture manuscrite a l’avantage de stimuler et développer une partie du cerveau. Sans parler de ses effets bénéfiques pour la psychomotricité des enfants. Elle ferait partie de nous, de notre estime de soi. De nombreux auteurs continuent d’ailleurs à écrire leurs romans à la main, tant le geste éveille imagination et réflexion. Ce à quoi plusieurs pédagogues américains rétorquent : « Vous avez vraiment besoin d’apprendre à écrire de deux façons ? » Que ce monsieur ne tente pas d’intervenir dans l’enseignement de mes enfants.

Et après cela ?

Si on suit cette logique ‘pédagogique’ en faveur de la technologie, oublions tout travail de mémorisation… les serveurs s’en chargent. Négligeons le calcul et l’ingrate table de multiplication… les calculatrices présentes dans les Smartphones prennent le relais. Aux oubliettes l’orthographe et la grammaire… les logiciels corrigeront les fautes en temps réel. Puis, finalement, avec la reconnaissance vocale, au diable l’alphabet… dictons tout vocalement !

Et dire qu’on pensait que le danger du moment était 'le web' pour 'les journaux'… Non, la situation est bien plus grave. Tout devient optionnel.

Dorian de Meeûs

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