Le patron
Que pensez-vous des conclusions de cette étude de l’Ires ?
- Publié le 30-03-2013 à 04h15
Que pensez-vous des conclusions de cette étude de l’Ires ?
Elle confirme ce que nous disons et ce que disent toutes nos entreprises, à savoir qu’il y a du travail en Wallonie, et qu’il y a encore de très nombreux postes vacants qui ne sont pas pourvus, parfois pendant une longue durée. Pour différentes raisons, évidemment. Cela peut être parce qu’on ne trouve pas les qualifications qu’on recherche, pour des raisons salariales, pour des questions de mobilité. Donc, pour diverses raisons, il se confirme qu’il y a beaucoup plus, en réalité, d’opportunités d’emploi que ne le laisse croire le chiffre qui est malheureusement diffusé, selon lequel en Wallonie, il y aurait 40 demandeurs d’emplois pour chaque poste déclaré vacant.
Y a-t-il en général un manque de disponibilité des chômeurs wallons pour l’emploi potentiel ?
C’est sans doute une des raisons de la situation à laquelle nous sommes confrontés. Mais il y en a d’autres. Il y a le fait que vous avez des pièges d’emploi, que vous êtes confronté à la proximité géographique (la distance entre le domicile d’un demandeur d’emploi et le lieu où il pourrait trouver du travail).
Pourquoi ce manque de disponibilité ?
A notre sens, le grand problème en Wallonie, vient du fait que la moitié des demandeurs d’emploi en Wallonie n’ont pas leur diplôme du secondaire. Et donc l’inadéquation entre les demandes de qualification des entreprises et celles qui sont offertes par les demandeurs d’emploi. Le vrai problème, il est là. Et cela remonte en amont à l’éducation.
Il n’y a pas un manque de volonté ?
Certains demandeurs d’emplois ne font pas preuve de beaucoup d’envie de travailler, c’est clair, il faut le dire. Il y a des gens qui s’accommodent parfaitement d’une ou plusieurs allocations de chômage. Mais nous pensons que c’est surtout le système qui ne pousse pas à chercher de l’emploi. La majorité des chômeurs sont aux prises avec des difficultés objectives, à savoir certaines distances avec l’emploi, la différence entre ce que rapportent les allocations de chômage et le salaire net. Tout cela, objectivement, décourage les chômeurs motivés.
Et que pourrait-on faire pour améliorer les choses à cet égard ?
Former, former, former, et encore former. C’est le grand axe de la stratégie qu’on doit appliquer en Wallonie. Mais cela suppose qu’on remonte au système d’enseignement secondaire et là on se trouve aux prises à la désaffection pour les filières techniques et professionnelles. Il y a du culturel là-dedans, avec les parents qui ont envie que leur enfant fasse des études générales, alors qu’au bout, ce sont les filières techniques qui offrent de l’emploi. Vous avez aussi un système d’études secondaires qui laisse sortir chaque année 15 % de jeunes Wallons sans leur diplôme de l’enseignement secondaire. A choisir, c’est là-dessus qu’il faut travailler, l’éducation tout en amont et la formation post-études. Et là, vous en arrivez au rôle du Forem qui a un rôle tout à fait crucial sur le marché de l’emploi.
Ce rôle n’est-il pas satisfaisant ?
Le Forem doit augmenter le taux de demandeurs d’emploi qui passent entre ses mains et qui suivent une formation. C’est actuellement une proportion relativement faible. Très probablement, il y a là un grand effort à faire.
N’est-ce pas un problème de moyens ?
Je ne le pense pas. Le Forem dispose déjà de moyens importants. Mais on a perdu du temps à cause de cette idée propagée au cours du temps selon laquelle ce n’est pas la peine d’embêter les demandeurs d’emplois, parce que, selon le chiffre véhiculé jusqu’ici, il y avait 40 demandeurs d’emploi pour un poste vacant. C’est ce que l’étude en question ici bat en brèche. Ce discours, propagé par les syndicats nous a fait retarder la mise en place de certaines contraintes dans l’accompagnement et dans le suivi de formation. On a perdu beaucoup d’années avec cela.
"Certains demandeurs d’emplois ne font pas preuve de beaucoup d’envie de travailler, c’est clair, il faut le dire. Il y a des gens qui s’accommodent parfaitement d’une ou plusieurs allocations de chômage. Mais nous pensons que c’est surtout le système qui ne pousse pas à chercher de l’emploi."