L’antiracisme est nu
"Le nouveau patron du Centre pour l’égalité des chances, une institution publique censée être impartiale et se situer au-dessus des partis, tient sur les questions d’islam et de migration, un discours qui rejoint celui des partis de gauche." Une opinion du député Alain Destexhe (MR).
- Publié le 24-08-2013 à 05h43
- Mis à jour le 30-08-2013 à 11h57
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Une opinion du député Alain Destexhe (MR).
"Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté" (Confucius). Un raciste, tout le monde sait ce que c’est. C’est un individu qui n’aime pas les Noirs, les Arabes, les Blancs… et pour qui existe une hiérarchie entre les "races". Il faut croire que cette espèce est en voie de disparition et que cela inquiète le nouveau directeur adjoint du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, Patrick Charlier.
Dans une tribune à "La Libre" (le 31 juillet), le "nouveau Delruelle", sans doute préoccupé pour sa dénomination sociale, affirme que "le racisme se recycle sous de nouvelles formes".
L’antiracisme qui, selon Alain Finkielkraut, est le totalitarisme du XXIe siècle, ne peut se résoudre à la disparition de l’ennemi qui justifie son existence subventionnée. En Belgique, le racisme est devenu marginal au même titre que l’homophobie, autre cheval de bataille des professionnels de l’indignation. Un pays homophobe pourrait-il avoir un premier ministre homo et qui est de loin l’homme le plus populaire au sud du pays ? Un pays raciste pourrait-il avoir son JT le plus regardé (par près d’un quart de la population !) présenté par une femme d’origine arabe ?
Non, bien sûr, mais ces éléments à décharge du pauvre Belge en qui sommeille un raciste qui s’ignore, surtout s’il est, pour reprendre Charlier, l’émanation d’une société, qui n’est plus "blanche, masculine, chrétienne et hétérosexuelle", ces éléments ne sont jamais pris en compte.
Penchons-nous sur les "nouvelles formes de racisme" si chères au Centre. "Le refus du fait migratoire et le rejet de l’islam" viennent en premier lieu. On voit la dérive sémantique de l’antiracisme et l’extension infinie de son champ d’action. En effet, quand bien même des Belges refuseraient l’immigration et rejetteraient l’islam, c’est encore leur droit et on ne voit pas en quoi cette attitude serait raciste. Le socialisme et le libéralisme belge se sont d’ailleurs en grande partie construits sur le rejet du catholicisme et en des termes très violents. Etaient-ils racistes ?
Mais en plus c’est faux. La Belgique est devenue un pays plus ouvert aux étrangers que tous ses voisins et que des pays traditionnels d’immigration comme les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie. A Bruxelles, il s’agit en deux générations d’une mutation démographique sans précédent. La Belgique comptait 460 Marocains en 1960. Les musulmans composent désormais plus de 30 % de la population de notre capitale et seront majoritaires dans deux ou trois décennies. Ne s’agit pas d’un changement fondamental qui peut nourrir quelques interrogations dans une démocratie ? Et il est probable que la grande majorité des Belges ne rejettent pas l’islam, mais seulement la forme préoccupante qu’il a pris dans l’espace public ainsi que le repli communautariste d’un grand nombre de ses adeptes.
Ainsi Patrick Charlier affirme que seuls 9 % des migrants viennent du Maghreb et de Turquie. Peut être, mais la Belgique compte plus de 700 000 personnes originaires de ces régions, un chiffre quand même imposant et qui pose la question de l’intégration. Il s’inquiète encore que des individus de seconde, troisième voire quatrième génération soient encore qualifiés "d’issus de l’immigration". De fait pour beaucoup d’entre nous, le fait que des personnes nées en Belgique ne soient pas du tout intégrées est préoccupant mais en quoi les qualifier "d’issus de" serait-il du racisme ?
"Depuis le 11 septembre, l’islam est devenu une obsession", poursuit Charlier. Il a peut être échappé à notre vigilance que chaque jour dans le monde se commet un attentat au nom de l’islam et qu’en Europe et en Belgique, il arrive que des juifs, des militaires, des policiers, des femmes ou des musulmans "traîtres" soient victimes d’agresseurs qui se revendiquent de l’islam.
Que les citoyens en soient préoccupés, quoi de plus légitime ? Et encore une fois, si même l’islam était une obsession pour certains, en quoi serait-ce du racisme ? Charlier termine par un autre grand poncif de la gauche : "Il ne faut pas perdre de vue que le combat doit être gagné dans les domaines de l’enseignement, du logement et de l’emploi" sans même songer que la politique de la porte ouverte qu’il préconise ôte toute possibilité de "gagner" ces combats.
Des auteurs renommés comme Malika Sorel ou Hugues Lagrange ont bien montré que, au contraire, les facteurs culturels étaient déterminants, mais sans doute que M. Charlier ne les a pas lus.
On le voit, ce discours du patron d’une institution publique censée être impartiale et se situer au-dessus de partis tient sur ces questions d’islam et de migration un discours qui rejoint celui des partis de gauche. Ceux-ci ont réussi à imposer au centre, à la droite (souvent avec leur bénédiction tant ces derniers ont souvent peur de déplaire à la gauche sur le terrain de la "morale"), ainsi qu’à l’ensemble de la société des institutions militantes qui, avec des fonds publics, combattent au quotidien ce que pensent une grande partie des citoyens. Ils essayent de les culpabiliser en qualifiant de "racistes" des opinions parfaitement légitimes dans une démocratie.
Normalement, c’est le racisme qui devrait engendrer l’antiracisme. C’est devenu le contraire. L’antiraciste fabrique le raciste avec une définition toujours plus large. Il lui est nécessaire, indispensable, vital. Ainsi, peut-on observer "les conséquences indésirables d’un antiracisme devenu machine à exclure, à salir et à tuer socialement" (Pierre André Taguieff). Heureusement, de plus en plus de citoyens ne sont plus dupes et n’acceptent plus ce chantage. Le Centre célèbre ses 20 ans. Le moment est venu de le recycler lui aussi.