Chemins de réussite
Aux étudiants qui hésitent, doutent, tergiversent, l’on se gardera de leur en faire grief, car il n’est décidément pas commode de trouver d’emblée le bon chemin. Une opinion partagée par Jacques Laffineur, conseiller aux études et chercheur à la faculté de droit à l'UCL.
Publié le 07-10-2013 à 05h39 - Mis à jour le 16-10-2013 à 11h45
Aux étudiants qui hésitent, doutent, tergiversent, l’on se gardera de leur en faire grief, car il n’est décidément pas commode de trouver d’emblée le bon chemin. Une opinion partagée par Jacques Laffineur, conseiller aux études et chercheur à la faculté de droit à l'UCL.
En ce début d’année académique, nombreux sont les articles de presse consacrés à la récurrente, question du taux d’échec des étudiants universitaires en première année. Le débat tourne invariablement autour des mêmes préoccupations, toutes légitimes. Parmi celles-ci, retenons : l’impact psychologique négatif sur les intéressés, le gaspillage économique que toute année d’étude "perdue" inflige, à la collectivité, la nécessité d’investir davantage dans la bonne orientation de nos jeunes en fin de secondaire.
Mis à part les "touristes" (des jeunes insouciants qui ne prennent pas suffisamment leurs études au sérieux), la plupart des étudiants qui ne réussissent pas leur première année sont soit ceux qui ont de trop grandes lacunes, soit ceux qui se démotivent au fil des mois, parce qu’ils ont l’impression de ne pas avoir opéré le meilleur choix.
Il est bon de rappeler aux uns et aux autres que la réforme dite "de Bologne" ne les a pas oubliés. En effet, à travers le fameux décret du 31 mars 2004, est garanti sous certaines conditions ce que l’on pourrait appeler un "droit à l’erreur" : à la fois au sens où l’on reconnaît à l’étudiant débutant que l’on n’exige pas de lui une réussite du premier coup, mais aussi au sens où l’on admet qu’il puisse s’être trompé de filière et se réorienter, selon des modalités qui semblent méconnues.
Tenant compte des difficultés particulières inhérentes à la transition entre la fin du secondaire et le début du supérieur, les règles applicables aux étudiants de première génération (ceux inscrits pour la première fois en première année d’études) témoignent de la volonté du législateur de favoriser l’aide à la réussite sous diverses formes. Ainsi, les institutions universitaires doivent-elles y consacrer un montant correspondant à au moins dix pour cent de l’allocation de base dont elles bénéficient pour les étudiants de première génération qu’elles accueillent.
La promotion de la réussite consiste notamment à offrir des activités spécifiques pour les étudiants visant à leur faire acquérir les méthodes et techniques propres à accroître leurs chances de réussite, à mettre à disposition des outils d’auto-évaluation et des services de conseil permettant de déceler les compétences des étudiants ou leurs lacunes éventuelles, à développer des méthodes didactiques innovantes ciblées sur le profil de ces étudiants dans un domaine d’études particulier, etc.
Un moment clef de l’année académique est sans doute celui qui, à mi-parcours, confronte l’étudiant aux résultats de sa session de janvier. Il importe que, dès à présent, il sache que, jusqu’à la mi-février, la possibilité lui est offerte de revoir son programme d’études personnel en demandant de pouvoir l’étaler sur deux années. Peu d’étudiants formulent une telle demande, alors qu’un étalement peut objectivement augmenter ses chances de succès grâce à une "acclimatation en douceur" aux exigences universitaires.
De même, il ne paraît pas vain de rappeler qu’après les évaluations organisées à l’issue du premier quadrimestre, une réorientation demeure possible : "J’ai choisi de faire l’économie, mais je me rends compte que ma place est plutôt en droit." Changer de cap au milieu de l’année n’est jamais simple, mais, en termes de motivations et de chances de réussite, une telle décision peut s’avérer très fructueuse.
Aux étudiants qui hésitent, doutent, tergiversent, l’on se gardera de leur en faire grief, car il n’est décidément pas commode de trouver d’emblée le bon chemin. Invitons-les cependant à imiter le chat plutôt que le renard de la fable : "Le trop d’expédients peut gâter une affaire : on perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire. N’en ayons qu’un, mais qu’il soit bon !" (Jean de la Fontaine, Le Chat et le Renard).