Haut Potentiel : mettre des mots sur les maux

Les personnes à haut potentiel font souvent face à de grandes souffrances. Un centre d’accompagnement et de diagnostic qui leur est dédié vient d’ouvrir à Liège. Opinion.

Lemaire Isabelle
Haut Potentiel : mettre des mots sur les maux

Une opinion de Béatrice Stiennon, institutrice primaire.  

C’est dans une maison cossue du centre-ville de Liège qu’un centre d’accompagnement pluridisciplinaire et de diagnostic d’enfants, d’adolescents ou d’adultes à haut potentiel (HP), qu’on nomme aussi surdoués ou précoces, a ouvert ses portes au début du mois d’octobre. Le CVIM (Centre pour la valorisation des intelligences multiples), unique en Belgique, n’est pas une école, tient rapidement à préciser sa coordinatrice, Laurence Nicolaï. "C’est un concept qui n’existait pas. Nous offrons un accompagnement global qui va d’un diagnostic (via les tests quantitatifs de Wechsler et le test qualitatif de Gardner), au suivi des enfants HP par une équipe de logopèdes, psychologues cliniciens, psychothérapeute, enseignants, psychopédagogues, musiciens, psychométriciens, kinésithérapeutes,… à des ateliers valorisant les différentes formes d’intelligence des personnes HP", explique-t-elle. L’inscription est payante, le CVIM n’étant pas subventionné.

Neuf jours à peine après l’ouverture, le centre comptait une cinquantaine d’inscrits. "La plus jeune a 3 ans et l’aîné a 61 ans. Ces personnes, incapables de mettre des mots sur leurs maux, sont souvent envoyées par leur médecin ou leur psychologue qui a détecté une grande souffrance", indique Laurence Nicolaï. D’où l’importance de poser le diagnostic HP pour apporter une forme de soulagement et avancer dans la prise en charge spécifique.

La coordinatrice, multidiplômée et ex-enseignante, s’intéresse depuis longtemps aux problèmes que rencontrent les HP. "J’en avais régulièrement en classe. Je les détectais par leurs questions pointues, leur ennui, leur hyperactivité ou leur grande sensibilité. Certains sont en décrochage scolaire, scolarisés à domicile ou bien atterrissent dans l’enseignement spécialisé. Ce sont souvent des enfants solitaires qui réfléchissent beaucoup, présentant des difficultés d’endormissement, des troubles de l’apprentissage… Ils sont en souffrance, victimes d’agressivité, de harcèlement de la part des autres enfants. Ils sont stigmatisés, non reconnus dans leur différence, et les parents ne se rendent compte de rien. On estime que 5 % de la population sont à haut potentiel et seul un tiers s’épanouit sans problème. Ils ont trouvé un outil qui leur permet de s’occuper l’esprit et trouver un équilibre : sport, musique…"

Alors, l’idée d’ouvrir un lieu qui leur serait dédié, où l’on pourrait à la fois valoriser leurs forces pour ensuite mieux travailler sur leurs points faibles, a germé. Laurence Nicolaï a constitué une équipe pluridisciplinaire ("tous titulaires d’un diplôme pédagogique; des personnes exceptionnelles pour des élèves exceptionnels", dit-elle) qui offre un encadrement multiple et spécifique aux bénéficiaires. "Nous sommes ouverts toute l’année, car ces enfants ne se reposent pas ! Nous proposons 16 ateliers axés sur les différents types d’intelligences : logico-mathématique, musico-rythmique, verbo-linguistique, visuo-spatiale, etc. Notre équipe paramédicale est là pour apaiser le stress, les douleurs physiques, les difficultés relationnelles ou les problèmes psychomoteurs, psychologiques. L’objectif ultime : l’estime et la réalisation de soi", mentionne la coordinatrice.

Le CVIM est ouvert à tous, qu’ils soient pleinement HP ou qu’ils présentent un haut potentiel dans un domaine, et sans discrimination de catégories socio-économiques. Un centre, sa fondatrice l’espère, qui pourra aider ces personnes à haut potentiel à trouver une reconnaissance, une acceptation pleine et entière de leur spécificité et à mettre du baume sur des souffrances parfois très profondes.Isabelle Lemaire

www.cvim.be


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