Affaire Luperto: Pas de confusions

"A l'heure où une personnalité politique – socialiste et ouvertement homosexuelle - est mise en cause dans une affaire de mœurs, les "représentants"du bon sens populaire et défenseurs de nos enfants s'en donnent à cœur joie en transformant les espaces de commentaires de la presse en ligne pour déverser leurs propos nauséabonds et leurs amalgames faciles." Une opinion de Michaël François coordinateur de l'asbl EX AEQUO.

Contribution externe
Affaire Luperto: Pas de confusions
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Une opinion de Michaël François - Coordinateur de l'asbl EX AEQUO et Conseiller communal Ecolo (ville de Bruxelles).

Ainsi donc ils sont de retour, ces vautours derrière le confortable masque de l'anonymat de la Toile. Evidemment, je n'ai jamais pensé qu'ils s'étaient transformés en blanches colombes, ce serait me prendre pour un pigeon.

A l'heure où une personnalité politique – socialiste et ouvertement homosexuelle - est mise en cause dans une affaire de mœurs, les "représentants"du bon sens populaire et défenseurs de nos enfants s'en donnent à cœur joie en transformant les espaces de commentaires de la presse en ligne pour déverser leurs propos nauséabonds et leurs amalgames faciles.

J'avais 19 ans au moment de l'affaire Trusgnach, du nom de ce jeune homosexuel mythomane qui avait porté de lourdes accusations de pédophilies à l'encontre d'Elio Di Rupo, alors Ministre dans le gouvernement Dehaene. Dans un climat très lourd à l'époque où un homosexuel était, pour certains "marcheurs blancs", une personne qui pouvait par essence avoir des pulsions pédophiles. Ou ad minima perverses… Imaginez comment s'est construite à l'époque mon orientation sexuelle et celle de toutes les pédales, PD, pédérastes, homos, gays, folles de ma génération. Combien cette chape de plomb à alourdi les tentatives de confidences, les discussions avec la famille et les parents.

Ils sont toujours là, ces chacals. Plus prompts que jamais à sortir leurs arguments dégueulasses pour bien démontrer que les homosexuels sont des malades. Des déviants qui finissent toujours par être un danger pour la société.

Mais j'ai finalement bien plus de compassion pour ces gens que pour certains médias qui aiment les manipuler et les utiliser dans l'unique but de faire monter la sauce, de créer l'affrontement et donc le buzz. Un forum d'actualité totalement clean, nettoyé des propos borderline, ce serait d'un ennui, vous ne trouvez pas? Pour se dédouaner, on installe des journalistes débutants payés 2 francs 6 sous devant des écrans d'ordinateur. A eux de jouer les modérateurs et d'appliquer des filtres sur des milliers de commentaires et d'opinions sur les sujets qui rythment l'actualité. Honte à vous, groupes de presse! Ils se foutent de la modération. Tout ce qu'ils veulent, c'est la petite phrase assassine, la polémique qui fait vendre. L'analyse doit évidemment être plus large: instantanéité de l'info, journalisme multimédias,intronisation du "citoyen-reporter"… Mais de cela il en sera question une autre fois si vous le voulez bien.

Car le sujet qui occupe mon esprit reste bien cette homophobie que les débats du mariage pour Tous en France ont contribué à décomplexer chez nous. Tout comme la parole xénophobe. Typique dans un contexte de crise socio-économique. Et à l'heure où notre gouvernement fédéral ne sanctionne pas des Ministres en son rang qui tiennent de tels propos. L'exemple vient d'en haut dit-on souvent. Que ce soit au niveau politique ou au niveau des gourous de la presse, c'est raté (en tous les cas pour certains, je ne tomberai pas moi non plus dans la généralisation!).

Sans immixtion aucune dans l'instruction judiciaire encours, indignez-vous des amalgames!

Levez-vous et rejetez sans cesse les propos simplistes qui voudraient que nous, homosexuels, ne méritions pas de faire partie de la société. Au même titre que les cons.

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