Lettre à Yvan Mayeur : "Pourquoi préférez-vous la polémique à la réconciliation ?"
"Je n’oserais pas dire "Cher Yvan" car entre nous la distance politique est trop grande et l’amitié trop petite. En réalité, il n’y a jamais eu la moindre occasion de combler cet écart." Une lettre ouverte de Bianca Debaets (CD&V), secrétaire d'Etat bruxelloise et conseillère communale de la Ville de Bruxelles, adressée au bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur.
Publié le 30-03-2016 à 09h32 - Mis à jour le 30-03-2016 à 09h33
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Une lettre ouverte de Bianca Debaets (CD&V), secrétaire d'Etat bruxelloise et conseillère communale de la Ville de Bruxelles, adressée au bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur.
Monsieur le bourgmestre,
Je n’oserais pas dire "Cher Yvan" car entre nous la distance politique est trop grande et l’amitié trop petite. En réalité, il n’y a jamais eu la moindre occasion de combler cet écart. Celui qui n’est pas – en permanence – sur la même longueur d’onde que vous n’a en fait aucune chance de nouer un dialogue serein avec vous.
Notre pays a besoin de femmes et d’hommes politiques qui favorisent le "vivre ensemble". Pourquoi, dans votre façon de diriger la Ville de Bruxelles, vous trouvez-vous à mille lieues de cette approche ? Difficile de rencontrer plus fort que vous comme spécialiste pour semer les conflits et la discorde.
Un bourgmestre se doit pourtant de rassembler, non pas de diviser. Pourquoi préférez-vous la polémique à la réconciliation ? Pourquoi ne saisissez-vous pas l’occasion de devenir une sorte de père pour l’ensemble des citoyens de notre ville ?
Les différents hommages et célébrations, tels que ceux vécus ces derniers jours, comportent toujours une minute de silence. Il serait judicieux pour vous d’en profiter pour vous taire quelque peu également. Afin de méditer sur la façon de faire de la politique ; sur le ton à utiliser pour mener au mieux le débat public.
Se regarder dans le miroir, s’autocritiquer, c’est d’ailleurs ce que doivent faire à présent l’ensemble des politiciens de Bruxelles et d’ailleurs : oser se retourner et analyser, avec humilité, ces dernières années. Qu’est-ce qui a mal tourné et comment avons-nous tous laissé les choses se passer comme telles ? Je veux être la première à dire et à reconnaître que nous avons commis des erreurs.
Je veux aussi être la dernière à rejeter la responsabilité de ces erreurs sur un autre groupe de la population.
Monsieur le bourgmestre, je veux bien comprendre ce qui vous anime et la source d’inspiration pour ce que vous dites et faites. Mais hélas, vous balayez toujours d’un revers de main toute possibilité de discuter avec des personnes qui ne sont pas d’accord avec vous. C’est pour cette raison que je vous inviterais volontiers dans l'un des nombreux pubs qui font la richesse de notre capitale, afin d’avoir un échange de vue constructif entre adultes.
J 'espère alors pouvoir comprendre pourquoi vous avez mis tant d’énergie à tirer des conclusions par rapport à la manifestation hostile et irrespectueuse de dimanche alors que vous-même n’avez rien fait pour empêcher son déroulement. J’espère aussi comprendre pourquoi vous avez choisi d’utiliser un logo de la Ville de Bruxelles uniquement en français ; une mesure très peu unificatrice, vous en conviendrez.
Vous m’expliquerez sans doute aussi plus en détails la raison qui vous a poussé à ne pas consulter les Bruxellois et les commerçants du centre à propos du piétonnier, ou le sens du coup de poignard que vous avez réservé à l’Ancienne Belgique ou au Botanique en créant vous-même une nouvelle salle de concerts, et ce sans la moindre concertation.
J'espère sincèrement que le jeu de l’escalade verbale, dont vous êtes friand, va rapidement s’interrompre. La catastrophe qui a frappé notre pays la semaine dernière a conduit beaucoup de gens à se rapprocher. Merci de ne pas détruire cet élan via vos généralisations grossières à l'adresse des Flamands.
Je m’arrêterai ici en me réjouissant de savoir que votre parti compte tout de même bel et bien quelques bâtisseurs de ponts. Des membres du PS qui, eux, sont d’accord de représenter l’ensemble des Bruxellois. Quelles que soient leur langue, leur religion ou leur couleur de peau. J’espère de tout mon cœur que vous pourrez un jour rejoindre ce wagon-là.
Salutations sincères,
Bianca Debaets (CD&V), secrétaire d'Etat bruxelloise et conseillère communale de la Ville de Bruxelles.